L automne

Àðîäèñ
Il'y avait le bonheur tonnant comme une chute d’eau. Je disparaissais dans ce bonheur assourdissant, je me transformais en poussiere d’eau qui se melangeait avec la poussiere du Soleil.
 
Dans cet ether tintant l’arc-en-ciel s’est leve pour longtemps, - immobile, irrefutable, eclatant. Or, la chute d’eau sanglotait est riait, et la sonnerie se renforsait, - c’etait la sonnerie du feuillage d’or qui devenait de plus en plus haute et imperieuse. Le monde s’est transformait en cette sonnerie, et tout a disparu quand les branches d’or fremissantes se sont agitees dans la hauteur bleu aveuglante. Le feuillage d’or sonnait, sonnait, et l’or cassait le bleu.

 Enfin, il n’est rien reste sauf le silence et la lumiere, mais pour moi seule parce que c’etait moi qui suis devenue le silence et la lumiere, et le monde est devenu ma partie.

Il semblait que rien ne peut exister apres. Mais le monde a ete condense de la lumiere, et j’etais sa partie de nouveau, - un galet jetee dans l’espace. Je trouvais des reflets de la clarte magique, mais la vacuite gagnait l’etre si etroitement qu’on pouvait penser qu’il n’y avait jamais d’autre.

Les souvenirs de la clarte tintante ont eu le poid et le volume, eux aussi. C’etait le fardeau. Je partais dans la foret ou des feuillages me rapellais les vagues se la lumiere dont le temps m’a porte a travers. Isi, mes souvenirs devenaient faciles et soufflait autour de moi.

En automne, des arbres se sont tus. L’odeur amere des routes me hatait et me troublait. Les fils de haute tension glissait impetuesement au loin en sonnant d’impatience.

Tel jour pareil, j’ai vu cet oiseau-la, son silhouette noir dans les branches de la noiseraie. Il etais claire: il faut que je le regarde sans essayer de connaitre ou me rapeller quelque chose. Cet oiseau apparait dans le silence pour le transformer en musique par ses ailes tranchantes, par son cou etroit, par son corps mince et tendu. C’etait la musique des jestes faciles, coulantes, rythmiques dont chaque arret et chaque tournant etaient une phrase achevee. C’etait impossible – deviner d’avance la grace d’une attitude suivante, et chaque fois mon coeur tressaillait comme la premiere fois.

Je comprenais que l’existance de tel oiseau etait impossible, mais je l’ai vu. De temps en temps, je me trouvais dans sa vue, mais brillant d’un oeil noir n’exprimait guere de la curiosite. Enfin, l’oiseau a etendu les ailes et a disparu.

Je venais dans la foret souvent et j’attendais. Parfois sans succes, mais parfois l’oiseau apparaissait. D’habitude, il s’installais loin de moi, mais une fois – tout pres. Cependant, deviner de loin son vol silencieux etait suffisant.