Serge et la France

Ñåðæ Ãàãàðèíîâ
 
                Dans   la   vie   il   y   a   toujours  une  place   pour  des  miracles. Ainsi   ma
visite   en   France   a   été   pour  moi    un    évènement  extraordinaire  .D’un  côté, cette   rencontre   avec   les   rêves   de   ma   jeunesse   est   arrivée    de façon     logique   mais    d’un   autre   côté   , complètement   inexplicable. Si   en   2004   , quelqu’un   m’avait   dit   que   j’irais   cette   année-là    en   France   pour   régler   quelques   questions   , concernant   la   publication   de   mon  nouveau   livre   et     aussi   des  traductions   de   mes   poèmes   en   français…
J’aurai simplement dit qu’il était devenu fou sous l’effet d’une insolation et qu’il confondait tout…
 On   dit   en effet   : l’homme   propose   mais   Dieu   dispose.
J’ai   probablement   assez   tourmenté   mon  lecteur   et   il   faut   maintenant   entrer  dans  le   vif   du sujet.
J’ai    toujours   trouvé   intéressant   de   séjourner  , ne   serait-ce   qu’une   fois , dans   le   pays   dont    j’avais   sérieusement   étudié   la  langue  , dans   laquelle   on   pouvait   chanter   des  chansons , écrire   des   lettres  , penser  , rêver   en   français   et  que   sais-je         encore  !
Ce   fait   ou   ce   phénomène   est   bien   connu  .Oui  !j’ai   rêvé   que   je  flânais   à  Paris  ,que   je   regardais                la   ville   du    haut   de  l a    Tour  Eiffel    accompagné   de   la   mélodie   des   chansons   d’Yves   Montand , Edith   Piaf  ,Mireille   Matthieu  ,Joe   Dassin  ,Charles   Aznavour …
La   cathédrale   Notre  Dame  de  Paris  que  Victor Hugo  a  célébrée  d’une  manière  si  incomparable  .Et  voici  une  authentique  photo  avec  Notre  Dame dans le   fond  ! Les  Champs  Elysés et  l’arc  de  Triomphe… Encore des  photos pour  le souvenir. D’innombrables  souvenirs  de  la  culture  et  de  l’architecture  ,tout  ce  qu’on  donne   à  voir  aux  touristes .En  racontant  mes  voyages  à  Paris  ,j’écoutais l’opinion  d’une  habitante  de  Kirov :
-Ah, vous n’êtes même pas allés au Moulin-rouge ? Qu’avez-vous donc vu à Paris ?
Ne jugeons pas sévèrement une femme attachée aux circonstances et aux conditions d’un voyage en groupe.J’ai moi-même séjourné à l’étranger dans le cadre d’une visite organisée.Où c’est  le guide et dirigeant du groupe qui dira dans quelle direction on doit aller.  Buvez de la bière ! Allez aux toilettes !Et puis encore compter les têtes, au cas où quelqu’un serait tombé dans une canalisation…Une délégation de femmes musulmanes du Caucase à l’époque d’une visite de la Yougoslavie marchait derrière  leur guide.Seulement  ne pas boire de bière bien entendu.Sinon à leur retour à la maison ,il donnera une telle description que le mari en tirera de sérieuses conclusions… Alors cette femme rebelle ne verra plus rien sauf des montagnes ! Mais peut-être que c’est bien ?!Quelqu’un doit bien obéir à quelqu’un d’autre…
Ce qui distingue le plus un pays d’un autre, ce sont les parfums…Vous souriez déjà ! Peut-être que pour vous les arômes de « Belle Moscou », de Chypre,de Kenzo,ou de « J’adore » sont identiques ?!
J’ose croire que chaque pays a  sa  propre odeur. La Yougoslavie sent la mer et les pierres, l’Allemagne - le désodorisant et la fabrique d’objets neufs,la Hollande – le fromage et les denrées coloniales d’Asie,la Pologne – le mélange de tabac bon marché et un parfum de cire d’église…
Tout ceci est subjectif et je doute fort que  d’autres conditions  puissent aider à définir  dans quel pays se passe l’action. Mais  en train, au croisement des frontières, les indices de tel ou tel  autre pays peuvent  aisément s’observer. Après la Russie et la Biélorussie, depuis la fenêtre du wagon on voit exclusivement des champs polonais de salades et de choux. Les constructions sont déjà de bonne qualité, les machines agricoles exécutent les travaux saisonniers et soulèvent une poussière de septembre depuis cinq heures du matin.L’ex-Allemagne de l’est se reconnaît aux maisons  et aux broussailles éparpillées dans les champs du socialisme, qui ont poussé après les initiatives de Gorbatchev. Ainsi l’euphorie après la chute du mur de Berlin s’est transformée en une mélancolie et une fuite des allemands vers l’Ouest.L’économie de l’ex-RDA, attachée et orientée vers le socialisme, s’est révélée  inadaptée   aux normes et aux lois de l’Union Européenne .De semblables conclusions avaient déjà été tirées depuis longtemps à l’Ouest.
Il y a 35 ans, après avoir terminé la faculté des Langues Etrangères , je n’avais pas de relation avec des français ,et en dehors  des cours dans les classes de 5ième et de 6ième en 1970-1972,il n’y avait aucune possibilité .A l’école secondaire de Podossinovets  on se souvient encore du « premier français »,mais il semble que des plaques commémoratives n’aient pas encore  été inaugurées dans la maison centenaire  aux  escaliers grinçants menant au deuxième étage où j’ai vécu deux années entières.Mais je viendrai encore chez eux ! Et nous nous immortaliserons dans la ville natale de Podossinovets.
… Et me voici prêt à partir de Munich à 22  heures 55 pour Paris .Mais pour arriver à Munich il faut encore prendre un train de banlieue pendant deux heures.Etant donné les travaux de réparations sur les trajets des trains, tout freinait et freinait et ensuite tout s’est même complètement arrêté. Vers Paris se dirigeait aussi avec moi une famille, constituée d’un papa et d’une maman,de deux énormes sacs à dos et de deux petites filles de 5 et 7 ans .Après les discussions par téléphone portable du conducteur avec la brigade  ,il a semblé qu’une bonne décision ait été  prise : le train ne partirait pas en France tant que le nôtre ne serait pas arrivé à Munich.Pendant que j’arrivais du dernier wagon en provenance de Milan vers le mien ,le train de nuit  filait déjà à plus de 200 kilomètres à l’heure , rattrapant son retard et le temps perdu.( Cela serait-il possible dans  les chemins de fer russe  ?! Et d’ailleurs qui sait ?).
Dans mon compartiment à six places m’attendaient deux personnes. Jean-louis, un homme de couleur aux dents très blanches et Mona-lisa une grande voyageuse de Munich. Et ici a commencé une préparation ou un entraînement en français,  anglais,  espagnol et allemand sur tous les thèmes possibles et impossibles. Comme si mes nouveaux amis avaient deviné que j’allais en séminaire en France, où me seraient posées les questions et les énigmes orales les plus incroyables…
Jean-louis était originaire de Haïti, mais il avait déjà parcouru  le monde entier.C’était particulièrement intéressant d’écouter les discussions entre Mona et cet homme  noir au sujet des voies de développement  de l’Amérique du Sud. Tous deux, bacheliers ou maîtres, répandaient ainsi des noms de villes, de pays et d’universités.Peu à peu la conversation s’est faite  en  français. En vue d’une préparation à ma rencontre à Paris, j’étais content que les mots et les accords de temps dans la langue de Hugo et de Sartre me viennent  assez bien à l’esprit.Voilà ce que signifie le premier langage étranger appris ! Le français était presque devenu pour moi  ma langue maternelle et natale…Grâce à notre professeur et  notre obstination dans un but   réalisable    : étudier une langue pour parler même la nuit dans ses rêves, sans faute et rapidement.
Mais le train déjà arrivait à Strasbourg et dans cinq heures à Paris  on devait me rencontrer à la gare .Il y a longtemps que je n’avais pas dormi, recroquevillé dans un fauteuil.Les jeunes gens avaient eu pitié du « professeur » russe de Kirov et s’étaient tous deux assis dans un coin du wagon tout en continuant leur bavardage…Quand je sortis respirer un peu dans le couloir et sentir l’air de la France , alors Jean-louis s’allongea sur un côté et Mona-lisa sur l’autre. « Tu n’es pas agile et tu n’as pas de place !» disent les jeunes filles dans l’autobus à Kirov.Me voici obligé de faire passer le temps dans le couloir à la fenêtre, où dansaient déjà les lumières énigmatiques et inconnues de ma France.
Le six septembre 2005 à sept heures cinq minutes ,précisément d’après l’horaire ,nous sommes arrivés  à Paris.Qui vient donc déjà à ma rencontre à une heure si matinale ?Jean-louis et Mona-lisa firent  adieu de la main au » professeur Serge » et s’en allèrent dans la ville.Sur le quai je vois déjà des  hommes de couleur, conducteurs de chariots de chargements et de la poste.Mais  où sont donc les français à la peau claire ?Je commence à m’énerver quand  ici apparaît une femme aux cheveux châtains, gracieuse et frêle avec un sac tressé dans les mains et de légers souliers de toile ... Katioucha ! Katerina !!!
Je cours à sa rencontre. Mais où est donc Jean-françois ? Il nous attend à l’hôtel prés de la gare où le couple a passé une nuit.Ils sont arrivés la veille au soir pour me rencontrer.
Je déballe les souvenirs de Kirov de mon sac.Des objets en bois de bouleau : une salière, un petit récipient , des petits laptis etc…Des cuillères peintes et des livres avec des cartes postales.Pendant que le couple Henninger regarde attentivement ces présents,je prends une douche avec leur permission . Faire ses ablutions à Paris ! Procédant à une cérémonie religieuse sur le sol français, j’obtiens un corps propre, un bien-être salutaire et une présence d’esprit. Essayez un peu de tourner et virer dans un fauteuil pendant 8 à 10 heures…Même les lunettes transpirent ! Après la douche, j’ai sommeil, mais mes amis m’emmènent prendre un petit déjeuner avec croissant et thé vert. Eux-mêmes boivent du café.
Dehors il fait frais.Partout prés de la gare où était situé l’hôtel, des travaux de réfection des  rues sont en cours.Pas commode ! Ce n’est pas comme à Kirov : avec des protections, sans saletés, mais ce n’est pas très beau de toute façon…Une petite pluie fine tombe.Nous trouvons la «  Citroën », qui a visité   presque toute l’Europe et même Kirov.En août 2004 Katia et Jean-françois sont venus en voiture jusqu’à Kirov  où ils  ont séjourné une semaine entière .Katerina a raconté leur  voyage dans « Rencontres sur les rives de la Viatka ».
A présent mes impressions sur Paris.Me voici maintenant en train de marcher en vrai avec mes mocassins vers la Tour Eiffel. Voici donc ce monstre qui a  autrefois choqué les français mais auquel ils se sont ensuite habitués, puis  cette Tour est devenue le symbole du progrès et du grand Paris pareillement avec d’autres monuments d’architecture.Un rire me gagne.Est-il possible que  ceci soit bien  réel ? Mais  je vois partout des japonais, c’est donc vrai. Ils n’ont pas chez eux une telle tour.Ils photographient tout.J’ai envie de me pincer pour me réveiller pour de bon.Mais voici que surgissent des chiens en laisse,  traînant leurs maîtres derrière eux : un homme d’environ 50 ans et une jolie femme .Ces gens n’ont aucun attribut supplémentaire dans leurs mains, ni pelle ni sachet pour les déchets canins…
En dépit de l’heure matinale, vont et viennent déjà des voitures.A Paris il ne faut jamais relâcher son attention.Si on veut traverser une rue, alors il faut bien regarder avec ses deux yeux ou même les quatre, avec les lunettes.Les français insouciants au volant ne ralentissent pas leur vitesse  devant les piétons. A quoi bon ? Chez vous ce n’est pas  l’Allemagne courtoise, où une automobile freine devant n’importe quel piéton, même au milieu de la nuit.Les français sont comme les russes. Carrément les uns meilleurs que les autres ,si on fait une traduction correcte de l’état de l’âme et du corps ...Mais pour ça les français restent toujours très réservés.Aucun cri brusque,aucun hurlement.Comme disent les musiciens, tout marche en sourdine.En douceur et avec dignité. Et quels gens aimables et galants ! Que les françaises sont donc charmantes ! Aucun maquillage superflu.A quoi bon ? Des coiffures naturelles. Des vêtements pratiques et adaptés au temps.  Aucun nombril nu avec une bouteille de bière dans une main et des cigarettes dans l’autre. Elles  sont probablement  arrivées depuis  déjà longtemps au stade « ça suffit et arrête ! ». Mais je suis persuadé que les jeunes filles russes s’éveilleront un jour comme les parisiennes et se sentiront légères et libres dans n’importe quelle situation.
Où peut-on puiser les règles du savoir-vivre ? Où apprendre les bonnes manières ? Lisez, aimables jeunes filles, de la bonne littérature ! Regardez les rubriques correctes sur Internet et pensez que les hommes aiment  le secret en vous.Cultivez chez vous et les hommes le respect de soi-même . Avant tout nous sommes des gens .La vie est un grand théâtre et nous en sommes tous les acteurs et les actrices. Que jouons –nous ?
Obéissant aux mains de Jean-françois, sa fidèle Citroën  s’échappe déjà des étreintes de Paris.Une chaussée excellente recouverte d’asphalte européen. Ni fissures, ni creux.Quel ennui ! A nouveau j’ai sommeil après ce voyage de nuit et mes impressions matinales. Mais pour la première fois, je suis en Bourgogne, c’est pourquoi j’écoute attentivement les paroles du couple Henninger. Il est français d’origine suisse-allemande probablement. Catherine est une authentique française. Jean-françois comprend un peu l’allemand si je parle involontairement la langue de Goethe et de Schiller, et Catherine ouvre avec une grande surprise ses yeux charmants.170 kilomètres passent à toute vitesse. La ville d’Auxerre était déjà fondée à l’époque romaine. Elle était situé sur la trajectoire des voyages d’Antoine et en latin était connue en premier lieu sous le nom d’ »autricus »,c'est-à-dire colline enracinée,plus tard la ville s’est appelée « autissiodurum » bien que selon les règles on devrait lire Auxerre comme Auksser.Ainsi ,on prononcera  Ausserre !
Voici de courtes informations pour les lecteurs :
Auxerre
Département de l’Yonne (89) – Région de Bourgogne
Hauteur  au dessus du niveau de la mer -0 m
40 000 habitants éloignés de 170 km de Paris
Orléans- 150 km, Tours- 80 km ,Nevers – 115 km
Auxerre est une ville d’art et d’histoire, parmi une  des plus panoramiques de France. Le pont Paul Bert ,qui enjambe la rivière de l’Yonne  et les plus beaux monuments d’architecture ;l’abbaye Saint-Germain ,la cathédrale Saint- Etienne,la tour de l’horloge.
La Bourgogne est une grande région à l’ouest de la France ; on peut presque  comparer son territoire à celui de la Belgique ; c’est une synthèse unique des charmes du nord et du sud de la France.
Nous sommes arrivés dans la ville après le repas  de midi.Quelques tournants et voici le boulevard du Maréchal Davout où mes amis habitent dans une maison agréable.Encore à Kirov, j’avais  trouvé un vieux livre  à la bibliothèque Guertséna. A propos de  la France on trouvait  tout, depuis les  temps anciens jusqu’à nos jours.Il s’est trouvé que le maréchal Davout était un favori de Napoléon et il prenait soin des soldats pour qu’aucun d’eux ne soit offensé et qu’ils ne s’offensent pas les uns les autres. Aucun bizutage !  Le soldat défend sa patrie, et notre Souvarov disait de même.Les Généralissimes et les Maréchaux connaissaient les besoins des soldats et ne les abandonnaient pas à l’arbitraire des «grand-peres» .
Une haute enceinte de pierres, des portes vertes, une antique clef et voici  le « château » des anciens propriétaires. Une maison à trois étages selon la terminologie russe.En bas ,le salon avec un piano et une cuisine avec une terrasse.Le deuxième étage pour les propriétaires : ordinateur, chambre à coucher du couple, salle de bains et toilette, chambre pour Pierre le fils aîné.Au troisième étage : une bibliothèque, une chambre pour les invités, une chambre pour le deuxième fils  Marc et une chambre pour  leur fille Aline.
En montant les escaliers, je vois des photos de leurs voyages en Asie dans de jolis cadres d’amateur.
Mon Dieu ! Se peut-il que j’aille  me coucher dans ce lit large et immobile après ce  voyage !? A 16 heures nous devons nous rendre à la bibliothèque municipale d’Auxerre pour une réunion et la présentation de mes livres, avec la participation des amis auxerrois de la littérature.
Je me débranche comme un robot. Un coup à la porte me réveille.C’est l’heure !
A 16 heures 30 nous voici déjà à la bibliothèque .Notre manifestation est prévue à 17 heures 30. En l’espace d’une heure, madame Françoise Duvernier a pu nous faire visiter  le bâtiment et les fonds de la bibliothèque. Madame Duvernier est conservateur en chef ,directrice générale des Bibliothèques de la ville d’Auxerre.28 employés et 10000 lecteurs.Derrière la porte d’un gros coffre-fort sont rangés les livres de valeur et très anciens.Les plus petits sont aussi gardés là.
Je passe devant et annonce que mes livres –mon cadeau à la bibliothèque, se trouveront dans ce dépôt. J’ai été  jugé digne d’un tel honneur pour mon audacieuse visite à Auxerre.
J’ai atteint mon but principal, à savoir créer des liens amicaux entre les deux bibliothèques d’Auxerre et de Kirov.Dans la salle de conférence se trouvaient  environ 50 membres du Club des Amis de la Bibliothèque.Approximativement le même nombre d’hommes et de femmes.Des yeux brillants et si attentifs qu’on peut être décontenancé par la nouveauté. Je n’ai pas été habitué à traduire toute ma vie ! A Kazan au palais des chimistes il y  avait plus de 1000 russes, français et tatares –et rien ! Et à Auxerre je prends moi-même la parole en mon nom… Aucune interview et conférences de presse en français pendant 35 années.A présent j’ai besoin de trouver tous les mots pour parvenir à apporter aux spectateurs toutes les nuances non seulement de mon œuvre, mais aussi pour répondre aux questions sur les tendances de la littérature russe contemporaine, sur Soljenitsyne, sur les écrivains et les poètes de Kirov, sur les liens avec les autres états .Et encore de nombreuses questions intéressantes.
Un petit buffet a lieu  après  cette rencontre.Vers moi, toutes les femmes qui veulent trinquer avec un écrivain et poète russe de Kirov venant de la lointaine, si lointaine Russie, se précipitent  avec un verre de vin jeune de Bourgogne.Parmi elles se trouvent des « étrangères » : une dame âgée, mais encore belle, est une tchèque ; une autre femme se présente comme la comtesse Anna Nicolaiévna Lamsdorff.Quel miracle ! Mais la comtesse ne parle  donc pas russe !? Anna Lamsdorff m’invite avec le couple Henninger à un repas russe avec vodka.
Dans cette manifestation à la bibliothèque est également présent monsieur  Guillaume,adjoint à la mairie.C’est un véritable bourguignon,comme en témoigne la couleur de son visage.Chez les bourguignons qui aiment boire et manger,le visage est très saturé en pigment rouge de la couleur du vignoble.Auparavant monsieur Guillaume travaillait dans les chemins de fer et après les élections législatives il a commencé à suivre les questions générales.Il me fait part de tout cela très amicalement ,comme si je vivais depuis longtemps déjà à Auxerre.
Monsieur Jean-Paul Rousseau ,adjoint de la mairie  pour les  affaires culturelles,ne pouvait pas venir ,mais a transmis par l’intermédiaire de  son représentant ses meilleurs sentiments pour le soutien de l’amitié des bibliothèques de Kirov et d’Auxerre,ainsi que son intérêt pour les liens des littératures entre les deux pays.La mairie a promis une aide aux délégations des deux villes mais étant donné les affaires ,il faut un programme.Sans ce document on n’ira nulle part !Le buffet avec du vin jeune et des petits fours s’est achevé vers 8 heures du soir.Il faisait chaud dehors,chaud dans mon  âme et mon cœur…
Il y avait longtemps que je ne m’étais senti aussi agréablement et amicalement accueilli que ce soir-là à Auxerre ! C’est bien que la langue française soit là, comme dans les époques anciennes et bonnes, comme un moyen de transmission de l’humeur, de l’amour et de l’amitié entre la grande Russie et la grande France ! Hourra ! Vive les gentilles française et les français galants !
Mais nous, les gens de Viatka, ne sommes pas non plus nés de la dernière pluie…
J’ai dormi ma première nuit sur le sol français sans être fourbu et me suis réveillé à 7 heures, heure de  Moscou .J’ai oublié de régler ma montre… En revanche j’ai le temps de réfléchir.D’abord au visa.Bien sûr il existe les accords de Schengen qui autorise le libre déplacement des camions et des gens de manière attrayante, mais… l’habitude est une seconde nature. A la milice nous devions  faire enregistrer le départ, faire viser le passeport ou se faire enregistrer provisoirement et régulièrement, où que l’on aille. Dans le train à la frontière allemande et française, personne ne m’a regardé  ni  ouvert mon passeport et vérifier la photo.Les Henninger m’ont dit qu’on pouvait probablement en faire la remarque à la mairie, à la police ou à la préfecture.Je vous fais déjà part d’un grand,grand secret ,que c’est à la police seulement que j’ai obtenu une feuille avec un tampon .A titre d’exception était écrit là quelques mots  sur ma visite à la police à 11 heures le 7 septembre 2005…C'est-à-dire que je me trouvais effectivement en France ! Bravo ! Le bureaucratisme a triomphé .
Une toilette matinale,un petit déjeuner légeravec du fromage et de la confiture,une tasse de thé vert authentique… Katerina me fait visiter un peu la ville.Le long du boulevard Maréchal Davout,qui incline vers moi sa tête. Dans une pharmacie,dans les vieilles ruelles vers la Tour de l’horloge,vers un petit marché,vers une boutique de souvenirs,vers la préfecture et la mairie…Chaude matinée ! Du pavé à l’ancienne comme la ville . J’entends  le doux langage des bourguignons,je m’enivre de tous les arômes qui m’entourent et n’arrive finalement pas à croire à ce bonheur qui tombe sur ma tête ,mais quand même selon mon désir.Je me souviens des leçons de langue étrangère dans la lointaine  école secondaire du petit village de Possossinovets .En septembre 1970,j’étais le premier professeur de français  qui s’est rendu volontairement et forcé dans ce petit village   du nord,pour apprendre à des gosses curieux la langue des grands Voltaire et Diderot,La Rochefoucauld et Talleyrand,sans aucun manuel … La tête me tourne ! A présent, n’importe qui peut aller à l’étranger.Même les étudiants pour l’enseignement, comme on dit aujourd’hui,ne passent-ils pas un moment à la Sorbonne ?Bien que beaucoup d’entre eux après une année ,oublient tout ce qu’ils avaient étudié pendant 5 ans .Le langage a toujours été pour moi la source d’un grand intérêt.Une clef pour le château de la vie et « une arme pour la lutte vitale ! ». La derniere chose vient d’un savant de marxisme-leninisme ...
 La superbe comtesse nous attend ce  soir. Il faut imaginer comment retenir sa parole et briller avec elle. Mais nous sommes d’accord avec Katerina…
Après le repas Jean-françois propose de façon inattendue de faire un tour en voiture en « Citroën » dans les lieux où sont cultivés différentes sortes de vignobles bourguignons renommés :Chardonnay,Chablis, Irancy… Je ne peux pas protester contre cette possibilité unique de visiter ces merveilles situées tout prés.La voici la Bourgogne ! Un paysage paisible,des petites collines et des pentes avec  des rangées de vignobles.