Êîíêóðñ Ôðàíöóçñêîé ïîýçèè 2014. Ëèçåò Áðîøó

Îëüãà Ìàëüöåâà-Àðçèàíè2
ËÈÇÅÒ ÁÐÎØÓ. ÊÀÍÀÄÀ.

Lysette Brochu

ÄÎÌÀØÍÅÅ ÇÀÄÀÍÈÅ ¹ 5

Ëèñåò Áðîøó ðîäèëàñü â 1946 ãîäó. Êàíàäñêèé àâòîð ðàññêàçîâ,ñòèõîâ,êíèã äëÿ ìîëîä¸æè.Îíà èìååò ñòåïåíü ìàãèñòðà â îáëàñòè îáðàçîâàíèÿ, ñòåïåíü áàêàëàâðà èñêóññòâ ïî ôðàíöóçñêîé ëèòåðàòóðå â óíèâåðñòèòå Îòòàâû ,ñåðòèôèêàò â îáëàñòè òåîëîãèè è àòòåñòàò àíèìàöèè.Îíà áûëà ó÷èòåëåì â øêîëå, çàòåì ïðåïîäàâàëà â  óíèâåðñèòåòå Êâåáåêà. Èìååò ìíîãî÷èñëåííûå íàãðàäû â îáëàñòè  êóëüòóðû, ëèòåðàòóðû. Ìíîãî ïóòåøåñòâóåò.



Ñòèõè äëÿ ñàìîñòîÿòåëüíîãî ïåðåâîäà áåç äîñëîâíîãî ïåðåâîäà, ñäåëàííîãî ñïåöèàëüíî äëÿ êîíêóðñà:

Du pain et des roses

La terre se meurt, levez-vous femmes de l’heure!
Coupez le chou, chauffez la soupe, dressez la table.
Dehors les hommes mutilent les ;rables,
pi;tinent l’;glantier
rassemblent leurs troupes.
La guerre est ; nos portes et le vent hurle :
« Que le diable l’emporte ».
L’ennemi et la victime,
ensemble,
fabriquent des bombes…
des milliers d’enfants grelottent.
M;re r;conforte, mais d;j;, il se fait tard.
Ils ont vu l’Apocalyse annonc;e
 ils ont entendu le cri d;chirant des innocents.
Le bruit a enterr; le chant des huards.
Horreur!
Pauvres afflig;s.
Offrons du pain et des roses ; tous les passants.
Chassons ce tremblement qui n’en finit pas de nous effrayer.
Partageons nos miettes de beaut;.
Lysette Brochu


Un temps pour souffrir?

Lysette Brochu


Depuis toujours
Il y a un temps pour la semence
Un temps pour la moisson
Un temps pour na;tre
rire et chanter...
Enfin, un temps
pour s’;teindre... pour mourir.

Ce temps, nul ne l’;vite
Ni pilule magique
Ni folie d’;vasion.
Rien ne peut emp;cher
la nuit de surgir
la rivi;re de couler...
l’aube de poindre ; l’horizon.

Je sais...
Car pendant des si;cles
j’ai lutt;... fonc;
cherch; le calme et l’oubli
en cadence
pour retrouver au fil des jours
la d;tresse et l’angoisse
au seuil de ma joie.

J’ai mal en mon ;me
lorsque j’;coute
le cri des affam;s
ou le tonnerre
qui gronde sauvagement.
Je me ronge les ongles
et je pleure...
inconsolable
lorsque mon fr;re
marche la t;te basse
ou un ami me coupe
de son amiti;.   

Je n’aime pas l’hiver
et pourtant
tout m’arrache ; l’;t;...
Je n’aime pas la guerre
et pourtant
je sombre dans l’offense,
dans la haine
dans l’indignit;.

Parfois je hurle mon d;sarroi
hoche la t;te
et je r;p;te sans cesse
POURQUOI? POURQUOI? POURQUOI?

Je raisonne, d;raisonne
Le monde entier
me semble boulevers;.

Et puis... vient un temps
le temps de plonger
au creux de la vague
le temps de me reposer
au coeur m;me de ma douleur
de ma peine, de mon anxi;t;.
Le temps de me relever
et de tout recommencer.

Les roses me dit-on
ne se questionnent gu;re.
Elles parfument l’air
et puis meurent
sans mot dire
; leur fragile beaut;.
Mais moi
ni parfum... ni rose...
ni animal bless;
il est dans ma nature
de penser, de tout analyser...

Je veux donc comprendre
l’ouragan et le tsunami
les tremblements de terre
la s;cheresse du Sahel
la maladie qui ronge ma m;re
l’;pid;mie, le sida, le cancer
le jeune qui ne croit plus en la vie.

Un temps viendra...
je suppose
pour comprendre...
OUI!
Si un temps existe
pour questionner
Un envers du temps existe
Le temps de la libert;.


Lysette Brochu

Sans toi

mes fant;mes dorment
dans leurs draps gris

creux silencieux
sans toi

seule
enceinte d’absence
je me gave de vide

secrets d’un amour
en cage

pens;e fig;e
pass; muet
m;moire trou;e
bobine d’une vie effac;e

errance aride
d’un coeur dans l’infini
d;sert de l’;me

en ;cho
une musique
de fausses notes
me revient
au ralenti

coinc;e
dans les limbes
des syllabes et des mots
je cherche en vain
ta pr;sence

ton portrait souriant
mon mur de lamentations

j’invente du vent
soupirs de tourterelles
entre les trop longs silences



Oratorio du remords

Lysette Brochu


main noire et glac;e griffe mon ;me
gratte
creuse les plaies cicatris;es
anciennes meurtrissures
boursouflures
cuisants remords
serpent de feu
aiguillon venimeux

mon ;il ne dort pas
le pass; me regarde
insomnie
oiseaux de proie
;tranges compagnons
veillent sur mon jardin secret
murmures d’anciennes amours

les chim;res cognent contre ma m;moire
me mortifient
vague divague
front douloureux
lugubre ritournelle
cris entre mes dents
tenace folie

regrets dans ma poitrine
miaulent comme des chats sauvages
souvenirs vengeurs
d;chirent
leurs camisoles de force

corbillard en maraude
ramasse fant;mes errants
de l’autre c;t; du mur



Rendez-vous po;tique
Lysette Brochu

assis sur un banc vermoulu
au sommet d’une colline
aux confins d’un village ;triqu;
un po;te attend
dos au mur

de ses graciles doigts
scribouille quelques vers empanach;s
romantiques

insatisfait
l;ve le regard

au loin
parmi une enfilade de pignons
noirs roux verts et bleus
il observe en silence
un clocher
surmont; d’une croix de fer
contre un ciel
aux reflets blafards
une grange en bordure du chemin
des enfants qui sautent d’une fen;tre
un fermier qui travaille la terre
un troupeau de moutons
le petit cimeti;re fleuri

le paysage qu’il contemple
en lui s’involute
creuse
jusque dans l’antre secret
de son ventre
retrouve les for;ts de son enfance
l’odeur du bl;
les caresses de sa bien-aim;e
sa foi d;laiss;e
les spectres de son pass;
l’;cho de drames
ses larmes

l;ger clapotis de l’onde int;rieure
affleurement du germe d’une id;e
foisonnement d’images
dans des filets d’or et de poussi;re cendr;e

les heures prennent la clef des champs
surgit une m;lop;e
signature de son ;me envo;t;e

dans son regard d’outre-tombe
sur un air d’antan
dansent des visages d’;ternit;
une triste valse

en sourdine
chant de rimes litaniques
tempo erratique
des mots amoureux
s’;pousent
sous une myriade d’;toiles

doucement               
sans forcer
le style se d;cors;te
la phrase se d;nude
le po;te s’abandonne aux songeries

touch; par la gr;ce po;tique
son ;me s’incline devant la beaut;
enfin
la pens;e tient sa langue
il ;crit en toute libert;

passe trop vite
le moment d’une br;ve extase mystique
puis s’envole l’inspiration divine

l’;crivain ferme ; regret
son cahier aux feuilles noircies
soupire
rendez-vous trop bref

il reviendra demain
reprendre pignon sur la vie
honorer l’;criture
retrouver les murmures
de son c;ur emmur;
s’asseoir sur son banc vermoulu


Revenir seule dans le silence

Mon ch;ri
as-tu le go;t de prendre des vacances?

Veux-tu retourner en Provence?

R;ponds ch;ri...
dis... as-tu souvenance de nos sorties?

Tu penses encore ; nos folies?

J'aimais tant me blottir dans tes bras
courir les f;tes et les galas
me pendre ; ton cou
et rire mon ch;ri
rire de rien, rire de tout!

O; es-tu mon mari?

Pourquoi as-tu choisi l'oubli?

Ce soir, Henri, il y a danse
chez nos voisins les Lafrance.

Si tu pr;f;res, nous irons jouer aux quilles
jouer aux cartes, jouer notre vie
jusqu'aux petites heures du matin
faire le tour de la ville
main dans la main
comme autrefois mon ch;ri.
Ah! Maudite maladie
Vais-je encore revenir seule dans le silence?
Vais-je encore pleurer ton silence?
Lysette Brochu

*  *  *

COMME UN ARBRE 
________________________________________
                Lysette Brochu
j'ai besoin de lumiere...
si je suis fermement attachee a mon sol
toujours mariee a la terre
je grandis neanmoins vers le ciel
et je crois... je muris en noblesse et en beaute
Par certains jours noirs et sombres de l'hiver
ou certaines  heures d'automne noyees de pluie
je travaille ; l'int;rieur et j'attends…
Nulle protection ni secours
 incertitude maillee d’esperance
je ne commande pas a la nature
je collabore avec elle.
Comme un arbre
j'ai mes saisons
mes forces, mes failles.
 
Continuer...
comme un arbre
ce n'est peut-etre pas
maudire les intemperies
mais les accueillir
dormir une courte nuit
pour recommencer le lendemain
apprendre a mourir
pour renaitre
continuer...
comme un arbre
c'est peut-etre me lever chaque jour
avant le jour
prete ; affronter les coups du sort
prete a faire alliance avec ma vie.
 
Je connais mis;re et grandeur...
le passage de la nuit au jour
la fraicheur des rivi;res ; mes pieds
et le fruit du labeur de mes bras.
 
Que sais-je encore?
J'ai appris ; m'incliner
; me redresser
a ecouter la beaute dans le murmure du vent...
 
parfois ma parure
cache mon ;corce fragile
parfois encore je me depouille
pour mieux me reveler.
 
J'ai le juste orgueil
de donner l'ombre au passant
comme j'ai la fierte
de mes racines profondes.
 
Les marques de mon passe
trahissent mon age, mes peurs et mes pensees
voyez mes noeuds d'anxiete
mes blessures, branches cassees.
 
Pourtant je m'eleve malgre tout
je parfume l'air a ma fa;on...
le temps me couronne de fleurs
a l'occasion.
 
En vieillissant
je me souviens avec emotion
de l'oisillon que j'ai berce
et du refuge que j'ai offert
aux jeunes de mon quartier.
 
Mes prieres deviennent contemplation
j’apprecie
l'horizon du lendemain… je chante l’oraison.
 
Si l'arbre est fort
il craint toujours le feu et le bucheron
de meme
je fremis devant le mal, la guerre
et plus que tout...
devant l'indifference, l’insouciance.

 Je porte toujours en moi l’arbre de la croix!
 
Certains arbres
deviennent bois de chauffage
paniers de bois
feuilles de papier
bois d'ebenisterie
copeaux, g;tes, balai neuf ou lambris.
 
Je parie que la Vie fera de moi
une petite feuille de papier fleuri...
j'espere qu'on y ;crira
un vers ou deux de poesie...



Paradoxale profession : l'enseignement
 
Un jour, il y a de ca longtemps
J'ai choisi de marcher dans la vie
Entouree de rires d'enfants.
Avec le zele de mes vingt ans
Je revais de changer  le monde
Par le biais de l'enseignement.
Le soir, en me couchant
Je mijotais de sages le;ons
Et des nuits durant
J'ecrivais... sur tableau noir
Des mots syllabiques de lumiere
Des mots en "ou" des mots en "on"
Des mots de mots
Des mots savants
Des mots de grandes chansons.
Le lendemain, la tete remplie de nuages
Je decoupais mes reves en belles images
Et souvent, beaucoup trop souvent
Ces images, de mes nuages, devenaient ORAGES.
J'apprenais le metier a  mes depens.
Je decouvrais l'art des arts
L'art de l'enseignement.
Je devais apprendre, comme Rodin ou comme Michel-Ange
A faire surgir la connaissance, au seuil de la conscience
Telle une statue se pointe d'un marbre fragile
Tel un penseur bronze emerge d'un metal froid.
Ce qui d'abord m'avait paru facile
Devenait pour moi lourde tache, devoir penible.
Souventes fois... je me sentais abattue
Abandonnee de mon courage
Et je me taxais sans scrupules
D' "incompetente" ... de "malhabile".
J'aspirais toujours malgre tout a ...
Capter soudainement la science du jour, en BLOC sans fissures
Et offrir genereusement, cet amas de notions et de doctrines
En cadeau... a Pierre, a Bill, a la petite Catherine.
Parfois encore, moi, l'institutrice mal assuree
Je regrettais ma vocation
De livres et de crayons.
Je me disais : "C'est fou...
Combien il me serait plus doux
De compter des sous
Plutot que de repeter... sans cesse repeter...
Bijou, caillou, chou, genou... pou."
Debordee, fatiguee, desenchantee
Je recitais mes litanies...
"Si mes eleves ne savent rien... c'est a cause de la tele.
Si je n'ai pas le temps de respirer...  c'est a cause des programmes surcharges.
Si le p'tit Stephane est si tannant... c'est a cause de ses parents.
Si les enfants sont si agites... c'est a cause de la recre.
Si Patrick s'endort sur le plancher... c'est a cause de son diner.
Si Chantale m'envoie promener... c'est a cause de la societe."
o paradoxale profession
La plus grande, la plus dure
La plus noble, la pire, la meilleure
Sans discussion.
Profession de compassion, de deraison
Plus que profession
Mission et a la fois passion
Instruction, education, application
Frustration, co-operation, tradition
Rigodon !
Pardon ! je connaissais alors tant de confusion.
Comme un violoniste en herbe
Qui maudit son violon...
Je songeais a l'abdication
; faire ecole buissonni;re
; dechirer mon diplome d'hier
Ou a ecrire un gros bouquin farceur
Intitule : "Les tribulations d'une ex-professeur".
Et puis... les annees ont passe.
Le calme s'est install;, dans ma maison.
Il faut croire
Que les tenaces violonistes
Arrivent a capter le silence entre les sons
La melodie qui efface les tensions.
Aujourd'hui, je connais le secret de l'enseignement.
Un secret qui se r;sume en un seul et puissant mot :
APPRENDRE.
Alors, maintenant,
Avec la jeune Marlene
Ou le sage Simon
J'avance en cadence
Vers de nouveaux horizons.
J'ai appris a moins parler
J'ai appris a mieux ecouter.
Je ne veux plus m'epoustoufler
Ou m'endormir la tete sous l'oreiller.
J'attends la dictee sans fautes
Ou la parfaite lecture a voix haute
Comme le semeur attend sa moisson
Animee de foi et de conviction.
Je cherche sans cesse
Les pousses de vie
Les pousses de couleurs...
Ces pousses interieures...
Qui faconneront notre demain
Le monde exterieur
Notre monde des humains.
Eureka ! je trouve promesse et poesie
Force, joie et symphonie.
Aussi, je prends le temps
De me donner du temps.
Enfin, voici l'heure de l'evaluation.
Je souris ! ... OUI !
Je re-choisis ma profession.
Je me fabrique un bulletin de vitalite
Decore de A, de B et de mots encourageants.
Je le merite ... j'ai tant travaille.
Pour tout commentaire, j'åcrirai cette pensåe...
"Chere enseignante...
N'oublie pas de t'accueillir tendrement
Comme tu accueilles dans ta classe
Tous ces nombreux enfants...
Pardonne-toi tes grandes idees
Et en toute humilite...
Reconnais tes maitres
Tous ces petits enfants".





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