L amour des Rossians

Славянин Санпэи
Pour preparer la future consultation, limiter les longs voyages en train, la fatigue, le stress a mon epouse, a moi-meme, les maux de dos, de tete, les depenses, et ...les paroles inutiles, les imprecisions, l incomprehension, les malentendus, les prejuges, les deceptions, l abattement qui ont tendance a apparaitre lors d une consultation courte dans un cas si complique que le mien, etant donne une nouvelle decouverte qui semblait aller dans le sens d un diagnostique prealable, nous avions decide de faire une prise de sang. Quoi de plus rationnel? pragmatique?

Mon epouse au travail, je m y rendis seul et bien sur ajeun. Comme pour tous les autres clients, le personnel se comporta bien avec moi.
Quand je sortis, j etais bien fatigue, et comme souvent, des le printemps, les articulations de mes genoux enkyloses semblaient bruler. J y ressentais comme des coups de couteau. Il fallait que je me repose.

Le soleil brillait, je vis quelques bancs et m y assis un moment.
Je sortis les victuailles que mon epouse m avait tendrement preparees. Je levai les yeux: derriere un grand arbre verdoyant, un homme et une femme attirerent mon regard! Il tenait un casque contre la poitrine et levait haut la main gauche du coeur qui pointait vers le ciel. Elle tenait au-dessus de sa tete une branche legere comme le sourire qu elle offrait aux passants. Devant eux, sur une solide dalle lisse etaient couchees quelques fleurs rouges... d amour, dу souvenir. Une flamme dansait devant eux. Ils semblaient vivants.

Ce n etait pas jour de fete et pourtant, un groupe d ecoliers s y arreta. Aux mots solennels de l institutrice, ils rendirent ensemble hommage aux combattants.

Quelques minutes plus tard, un enfant accourut au monument comme dans les bras d un parent. Son pere, serieux, lui expliqua que pour eux, ils donnerent leur vie.

Encore un peu de temps s ecoula, et une dame agee, seule s assit sur le banc a cote. Je lui proposai une madeleine, elle me repondit: "non-merci".

Je repensai a mes ailleux, a ma vie, mon voyage, au retour du "rejeton" de la famille, au-dela des ages. 

Elle etait triste, semblait couver des souvenirs malheureux. Mon coeur voulait oter un peu de la peine qui sourdait au bord de ses paupieres.

Je m autorisai a lui parler du depart de mes ailleux, de mon retour en Slavie, des raisons semblables a celles du passe qui les avaient a l Ouest (bolchevisme, nationalisme ukrainien), du pays d ou je viens, et puis des visites que l homme et la femme du monument eurent en moins d une demi-heure; du bonheur qu ils doivent ressentir a voir leur descendance les cherir. Je vis le reconfort ressurgir en elle, et puis a nouveau la tristesse tomber dans ses yeux: "Mais que se passe-t-il donc en Ukraine", expira-t-il dans un profond soupir... "La propagande", repondis-je... Elle se leva dans un mouvement presque juvenile, ravigoree, comme soulagee d un fardeau.
La dame me remercia et moi aussi.

L emotion fut si forte que toute la journee j en oubliai la douleur physique que je porte.

Au retour dans notre ville, je pensais assister au concert gratuit de chansons du pays. Une foule d au moins 50 jeunes attendait a l entree! J etais si fatigue, ... et puis qu importe, je venais de vivre un spectale d amour que Dieu seul sait improviser.

J avais pu voir, ressentir a quel point le doute commencait a me trahir. Vu la menace, les Rossians n affichent pas de Z, et puis a quoi bon tenter le diable? Cependant, chacun d entre-eux nourrit en son lui un fort et fidele amour pour ses ancetres, son pays, ses valeurs.

Que se passa-t-il en somme? Peu de choses materielles, des petits moments qui passent souvent inapercus, si essentiels.
 
J avais pu me rendre utile par quelques mots venant du coeur, etre aide, etre sorti de la solitude par un petit merci, du bonheur!

Voila comment l Amour peut parfois soulager des plaies de la vie.


Dieu, merci! Je vous aime.