Le soldat et l inutile

Славянин Санпэи
C etait le jour de l'anniversaire de mon epouse. Avec le chien nous revenions du magasin. Quand de loin, je l apercus. Je ressentis alors une vive admiration. Je souriais deja.
Le ciel etait gris, cependant, au fur et a mesure que nous nous rapprochions, je percus plus sombre encore que le ciel - son aura.
A quelques pas, je vis son visage tire, ses yeux cernes de noir qui semblaient engouffrer tout l espace autour. Il allait mal. Je ressentis sa peine...
Il vit notre petit chien, il sourit. Il demanda quelle etait sa race. Nous lui repondimes. Tout a coup, sous l effet d une douleur, ses yeux se fermirent. Des plis se formerent aux coins, et sa tete sombra en direction du sol, exhalant un profond soupir.
Il releva la tete et nous dit: "Vous savez... Ce n est pas comme ils vous disent a la tv... J etais au bord de la riviere..." Il eclata en sanglots puis continua... "... Et je voyais des corps passer... A quoi est-ce que cela sert?..." Il continua a pleurer. Nous ne savions que dire. L emotion nous submergeait. Il voulu partir, il partait deja, les emotions se bousculaient, remuaient dans mon coeur comme les mots dans ma tete, cherchant une issue, une facon de le reconforter. Et c est vrai, je me sentis si inutile encore...
Il avait deja tourner le dos, quand brusquement, mon coeur expulsa des mots...
"Ce que vous avez vecu est terrible, mais vous ne le faites pas pour rien. Il ne faut pas croire cela. Vous ne le savez pas, mais la d'ou je viens, les personnes agees meurent seules chez elles ou dans les homes. Des choses horribles s y passent. Les familles s entredechirent. On laisse mourrir son fere. Les gens tombent malades et ont de plus en plus peur de se faire soigner. On detruit les familles en enseignant qu un homme n est pas vraiment un homme et une femme une femme. Il n y a pas de guerre et pourtant, les parents n osent plus laisser jouer leurs enfants dans les parcs. Les eglises sont surveillees, et a l eglise, on ne sait plus avec qui on parle. Les gens ont peur.
Ici, regardez, ce n est pas comme cela. Voyez ces plaines de jeux, ces enfants qui jouent gaiment sous le regard des parents. Ici, on peut prier en paix. Ce n est pas grand chose, mais nous prions tous pour vous."
Etonne, il nous regarda, il sourit, il pleura, mais cette fois-ci de joie.
Mon epouse et moi, nous le prirent dans nos bras. Nous nous benirent les uns les autres, et il reprit le chemin, le coeur plus leger, gonfle de sens et d espoir.

Je remercie Dieu et cet homme courageux de m avoir donne l occasion de me rendre un peu utile.
Je remercie Dieu d inspirer des personnes telles que lui.

Meme si la maladie, la solitude, la douleur, la fatigue, l indifference ou la mechancete, le temps m y poussent, je vais essayer de moins me plaindre.
Cependant, si j avais la sante, je pourrais recuperer ma dignite et a nouveau aider mon prochain...

Le coeur, comme le ciel, quand il est plein, il finit toujours par craquer...


Un pecheur inutile.