Мой свободный перевод Шарля Бодлера. Каждому своя

Наташа Тэпо
Мой свободный перевод Шарля Бодлера.
Каждому своя Химера.
Под большим серым небом...
В пустынной степИ...
без дорог и без троп...
без цветов и могил..
неспеша в горизонт....
полз змеею эскорт...
шаг за шагом...
вперед...
Топчат пыль сапоги.
Что за сгорбленный марш.
в сей полуночный час.
под свинцовостью груза...
из мерзких химер...
Что упрямо сидят на усталых плечах..
погоняя и скалясь
Неполной луне...
И на шее верхом эта ложная плоть...
обвивала им грудь...и сжимала сердца...
Положив свою морду на темя...и лоб...
прикрывала лицо словно каска бойца...
ее панцырь и когти ...щетинистый щит...
Придавали рабу угрожающий вид...
Под большим серым небом
в пустынной степи...
я спросил Одного...
Так куда ж он идет...
Он сказал что не знает...
но знает одно...
свою вечную тягу к движенью вперед...
Что никто не нарушит молчанья печать...
И никто не посмеет Химеру стряхнуть..
Эта властная Тварь его участь и часть...
он идет...она знает
где правильный путь...
Она вечно живет и беги не беги...
над несчастным рабом...
она вечным горбом...
под большим серым небом..
....покорен и сер...
...полз змеею эскорт
из Людей и... Химер...@ Natacha Thepaut Paris
Chacun sa chim;re
Sous un grand ciel gris, dans une grande plaine poudreuse, sans chemins, sans gazon, sans un chardon, sans une ortie, je rencontrai plusieurs hommes qui marchaient courb;s.
Chacun d'eux portait sur son dos une ;norme Chim;re, aussi lourde qu'un sac de farine ou de charbon, ou le fourniment d'un fantassin romain.
Mais la monstrueuse b;te n';tait pas un poids inerte ; au contraire, elle enveloppait et opprimait l'homme de ses muscles ;lastiques et puissants ; elle s'agrafait avec ses deux vastes griffes ; la poitrine de sa monture et sa t;te fabuleuse surmontait le front de l'homme, comme un de ces casques horribles par lesquels les anciens guerriers esp;raient ajouter ; la terreur de l'ennemi.
Je questionnai l'un de ces hommes, et je lui demandai o; ils allaient ainsi. Il me r;pondit qu'il n'en savait rien, ni lui, ni les autres ; mais qu';videmment ils allaient quelque part, puisqu'ils ;taient pouss;s par un invincible besoin de marcher.
Chose curieuse ; noter : aucun de ces voyageurs n'avait l'air irrit; contre la b;te f;roce suspendue ; son cou et coll;e ; son dos ; on e;t dit qu'il la consid;rait comme faisant partie de lui-m;me. Tous ces visages fatigu;s et s;rieux ne t;moignaient d'aucun d;sespoir ; sous la coupole spleen;tique du ciel, les pieds plong;s dans la poussi;re d'un sol aussi d;sol; que ce ciel, ils cheminaient avec la physionomie r;sign;e de ceux qui sont condamn;s ; esp;rer toujours.
Et le cort;ge passa ; c;t; de moi et s'enfon;a dans l'atmosph;re de l'horizon, ; l'endroit o; la surface arrondie de la plan;te se d;robe ; la curiosit; du regard humain.
Et pendant quelques instants je m'obstinai ; vouloir comprendre ce myst;re ; mais bient;t l'irr;sistible Indiff;rence s'abattit sur moi, et j'en fus plus lourdement accabl; qu'ils ne l';taient eux-m;mes par leurs ;crasantes Chim;res.