Un film a en rever

Славянин Санпэи
Ma tendre epouse se plaint parfois de ce que je ne veuille pas souvent regarder les films qu elle desire me faire visionner. Il est vrai que je suis un homme et qu elle est une femme ... L eau de rose me plait assez, mais surtout en flacon, car l odeur evoque chez  moi les presences maternelles de mon enfance, les pays de l Est ... Oui, elle me plait en flacon, mais a tres petite dose dans le cimema.
Qui plus est, je suis assez exigent en matiere artistique: rarement satisfait de ce que je vois, lis, entends, ecoute, goute et surtout - de ce que je fais.

Cependant, il y a peu, mon petit ecureuil a deniche le lien d un film de l ere communiste de la Russie. Et la, j ai pu decouvrir et admirer une perle! Une oeuvre riche, dont la trame allegorique et la camera sondent avec justesse les profondeurs de l ame humaine; une pellicule a la teinte vieillie qui plonge le spectateur dans un passe inconnu a l Ouest; une prise de vue variee et toujours appropriee au contexte, etonnement agile pour l epoque, surtout au vu des conditions climatiques hivernales tres rudes d un tournage a Moscou. Les acteurs interpretent avec brio le scenario remarquablement tisse, tantot drole, tantot dramatique, et ces personnages finement sculptes - si etonnants par leur personnalite, si differents par leur nature.

Coeur de chien, inspire du roman de Boulgakov, est un chef d oeuvre, qui devrait figure au programme des ecoles de classe terminale de chaque pays, mais comme nous le savons desormais que trop bien - l affutage du sens de l observation, la culture de la reflexion chez nos jeunes esprits en herbe, sont des visees qui ont ete passees a la tondeuse par les savantes autorites et producteurs du marche, sans doute inquiets que le peuple ne recommence a penser, a comprendre. Aussi, qu il salive, qu il bele a la vue de corps sensuels, denudes, au son de musiques bruyantes, abrutissantes, a l odeur grossiere de nourriture rapide et sans gout. Un mouton n a que peu d exigences. Chez le mouton, comme chez le cochon, tout est bon; il est facile a tondre, et encore plus a abattre, quand il desespere a bouillir dans le chaudron ou quand il perd son utilite.
Vraiment, la realite a l Ouest est loin des belles vitrines de la toile. Pour ne prendre que le cas des soins de sante, la population est de plus en plus malade. Le souffrant est soumis a des delais d attente de plusieurs mois qui se prolongent meme parfois en annee pour certains specialistes. Il perd ainsi son emploi, sa stabilite, ses connaissances, un espoir de plan de vie. Il se dissout dans la solitude et le temps, sombre dans la depression, et sans Dieu, l euthanasie votee sans profonde reflexion, sans son accord apparait comme un "remede" a ses souffrances. Sur le marche du travail, il y aura toujours un autre "outil" moins cher ou un autre emmigre pour le remplacer.

En ce qui concerne le theme central de l oeuvre, il  apparait clairement a mon coeur et a ma raison, surtout par des details, des silences, des allegories, et l ellipse qui est suggeree sous un regime de censure.
Aussi bien chez le bourgeois que chez le quidam, chez l apprenti-homme, bref chez chacun, il y a des passions.
Le bourgeois ou le chien - apprenti-homme - celui qui est encore maleable, a la solution au bout des levres, sous forme d interjections - Seigneur.
Chacun en parle, du moins au debut, mais personne ne se rend chez Lui ou le cherche ... Et comme dans le film "Ironie du sort", de temps a autre, on apercoit une eglise ... C est en effet la qu il faut chercher, sans trop faire attention aux hommes. C est bien l Eglise qu il faut reconstruire, car peu importe importe le regime politique, la nature de l homme est immuable, et seul Dieu peut sauver l homme, or pour savoir qu Il existe, qu Il a un enseignement, des sacrements, il faut une Eglise.

Evidemment, je ne m exclus pas de la critique que l auteur nous soumet. Ces scenes, ces personnages nous renvoient a nous-memes; que ce soit a notre passe, a notre present, ou a ce que l on pourrait devenir. Par effet classique de miroir, il peut nous interpeller, nous faire comprendre ce qui ne va pas chez nous.
Chacun selon sa personnalite, un moment de sa vie pourra peut-etre se reconnaitre dans le raffinement outre du docteur, dans l aveuglement et l extremisme presque religieux mais sans Dieu des membres du parti, dans la luxure, qu elle soit bourgeoise ou populaire, dans le manque de respect pour la vie qui regne aussi bien chez les hommes de science que chez les gens du partis, dans le romantisme idiot de la passionnee de cinema, dans la vulgarite du nouvel homme opportuniste.
Oui, pour beaucoup, ces reflexions depassent le regime communiste et peuvent interpeller tout le monde, car ces derives se passent partout.
Ainsi, je me suis surpris a etre tour a tour: bourgeois, homme de parti ou homme basique. C est une belle baffe au visage de l orgueil et de la vanite.

Une classe n a en effet rien a envier a l autre en matiere de passion, et le peu d eglises de l epoque, le petit nombre de pretres, la censure, les machinations, les persecutions ne permettaient pas d ameliorer les choses, de nous faire passer de l etat de chien riche ou pauvre a l etat d homme conscient de ses limites, de ses faiblesses.
Maintenant, ce n est guere mieux. Il y a moins de bars, mais nous avons la perdition sur internet, l alcool et autres que l ont peut consommer a l abris des regards - dans une petite chambre ou en deplacement. 
Le capitalisme a surpasse le communisme en matiere de partage, mais il ne s agit pas de n importe quel partage - celui du vice.
Malheureusement mais inevitablement, il faut du temps pour reconstruire la foi ... Il est plus facile de construire des temples que d a nouveau assimiler l exacte orthodoxie et de l enseigner, et il faut accepter d en souffrir ensemble, continuer d aimer l Eglise, meme si parfois, nous ne pouvons accepter le comportement de certains serviteurs de Dieu. Car sans l Eglise, l espoir, l enseignement du Christ disparait. Et finalement, c est a nous-memes que nous nuisons. Sommes-nous meilleurs?
Quelques derives et quelques "morsures" les ont reveilles. Les "fantomes" du communisme disparaissent peu a peu, la peur aussi. Ils descendent peu a peu de leur stelle, quittent la peur. Ils se rappellent qu ils sont aussi des hommes, faillibles et ayant les memes devoirs que nous envers nous, et bien plus envers Dieu, c est bien. A nous de ne pas demeurer des chiens, mais de s adresser a eux en homme, en pecheurs respectueux, conscients de la lourde charge qui pese sur eux, et de ne pas uriner sur l Institution de notre Sauveur, offerte pour notre salut.  Nous sommes tous des hommes, et Dieu rappelle qu il ordonne le pretre bien qu il soit pecheur, afin qu il ne tombe pas dans l orgueil. Comme nous, il amene aussi devant Dieu ses maladies, ses souffrances, ses fautes, ses sacrifices de justice. Prions pour eux et pour l Eglise de Dieu. 

Je prefere de loin le film coeur de chien a tout ce que j'ai pu ecrire; comment pourrait-il en etre autrement? Je n aurai jamais ce talent, mais je me rejouis que l auteur, le realisateur ainsi que tous les participants a cette oeuvre en aient eu pour nous, pour notre illumination.

Par ailleurs, cet auteur russe m ayant rappele un autre de la meme origine, mais celui-ci dont la famille a emmigre en France, je ne sais pas pourquoi, mais son style m est revenu a l esprit pour rediger ce texte, et m a influence ...

Mais tout ceci me mene bien loin du propos envisage au depart; propos plus personnel a mes yeux, que je ne pourrai pas developper ici, car il serait incongru de les meler, et je suis fatigue.

Aussi, cette fois, comme tant d autres, je me vois oblige d en finir ici et de changer a nouveau le titre du texte.

Et puis, quelques jours plus loin, tout compte fait, pourquoi ne pas en parler ici?

Voici le songe ...

Je me reveille ... Ou-suis-je? Quel est cet endroit? Brrr! Qu il fait froid! Je vais me lever ... Mais que se passe-t-il? Pourquoi est-ce que je vois le monde de si bas?! Je vais m approcher de ces gens, ils me renseigneront peut-etre.
- Monsieur, excusez-moi, pourrais-je vous deman ...
Tiens! Il passe comme si je n existais pas! Il ne m a meme pas remarque!?Bon, je vais marcher un peu plus loin ... Certainement, un etranger ...
- Monsieur!, Monsieur!
Je ne comprends pas ce qu il dit, et il semble me houspiller! Il fronce les sourcils et me chasse comme si j etais un chien! Mais que lui ai-je donc fait?
Que se passe-t-il? Et ce froid, cette neige ...
Ainsi, les secondes se transforment en minutes, les minutes en heures, les heures en journees, de jour en nuits ... Mes pieds empruntent ces chemins inconnus, etrangers que le temps dissimule sous la neige, comme mes pas, laisses sans traces ... Disparus. Existe-je seulement encore?
Epuise, le regard embrouille par le froid, j apercois soudain un eglise! Je me precipite et contourne les jambes qui me croisent pour me refugier en elle!
De mon museau tout chaud, je pousse la lourde porte ... Il fait sombre, mais un tapis couvre le sol! Que c est confortable! Dans le fond de la salle - le sanctuaire, de petites lampades eclairent les icones ...
Dans le coin de la salle, le pretre assis semble mediter, prier les yeux clos ...
A sa vue, mon regard s eclaire! Enfin un etre humain! Et je me presse vers lui!
Il se reveille et m apercois, et je lui dis:
Oh, pere! Comme je suis content de vous trouver!
Ses yeux s ecarquillent! Il semble me comprendre!
La tete basse, je continue mon elan, et pose ma tete sur ses genoux:
- Je suis si fatigue, mon pere ... Benissez-moi ...
Stupefait, mais touche, il pose la main sur ma tete, comme pour me consoler ...

Je me reveille assoiffe, avec une forte envie d aller a l eglise ...

De quoi reve un chretien qui est souvent empeche de communier? De cela ...


6 mois d acouphenes du lever au coucher avec reveils nocturnes qui engendrent maux de tete, fatigue, et chamboulent mon rythme de vie.
5 ans d errance dans la maladie, de rejet et de solitude, avec quelques eclaircies. Merci a ma tendre epouse qui est si loin.

J ai toujours un toit, et beaucoup n ont pas cette chance.

Gloire a Dieu pour tout!