(Loin d etre fini ...)
Malgre la fatigue, le manque de sommeil, l activite d une journee tres remplie, l ecoute de l Evangile selon Saint Jean - impossible de dormir ...
Ma machoire me faisait mal et augmentait encore le bruit strident et envahissant des acouphenes ...
Il est vrai que la journee fut aussi riche en emotions ...
Le genre de journee parsemee de petits evenements qui, tout a coup, juste a un moment innattendu et innapproprie, semblent converger, peser de toute leur gravite pour faire basculer du calme dans la tempete.
Dieu sait le comment du pourquoi et la solution; moi, je ne suis qu un homme et ma vue est limitee a la portee de mon regard, mais ce jour-ci, je me suis surpris a pouvoir traverser cette epreuve, a garder l equilibre, la mesure pour ne pas sombrer dans la passion.
Petit succes, cela fait du bien.
Petit massage facial, mais les tensions sont trop fortes.
Estomac fragile, impossible de prendre les antidouleurs speciaux avant l infiltration pour le dos, que faire? Prendre l air ... Acheter un peu de nicotine ... Ce n est pas bon, mais il est difficile, voire impossible, de mener une guerre sur tous les fronts ... Chaque chose en son temps ... Ne pas vouloir s elever trop haut, trop vite! L orgueil provoque souvent des chutes vertigineuses, surtout quand la liste des maux est longue, et la chute spirituelle est encore plus desagreable que le reste deja en morceaux ...
Sur le chemin du magasin de nuit, appele Pakistanais, je remarquai a nouveau la presence de Xavier, un homme de la trentaine, plutot mince, cultive, mais souffrant d une fracture du pied, narcoman et a la rue ...
Oui, le visage quotidien de ma ville, surtout la nuit, c est aussi celui de l extreme pauvrete, de la detresse, des drames qui font tomber la personne sur la bordure du caniveau, sous un pont, derriere un bosquet d arbustes ou a l entree couverte d un batiment - le corps et le coeur en sang.
La fois passee, il n etait pas bien, il etait en manque ... Cela se voyait a son regard intense et inquiet, a ses mimiques presqu en vibration, a sa gestuelle nerveuse qui semblaient agiter l air, et a son discours apparemment bien concu, mais facilement demontable car en proie a la maladresse qui demasque l intention ou plutot le manque, une rage qui couve, en chasse ...
Il refusa le thermos de tisane (anti-inflammatoire et au miel) et le matelas, et aurait sans aucun doute refuser quoique ce soit d autre sinon de l argent ... pour mettre fin a ce tiraillement insupportable qui - nourri - tue apres quelques mois.
Je me souvins alors d Andrei, un Russe gentil et drole, avec qui je sympathisais il y a quelques annees de cela dans son pays. Nous etions dans la salle d attente d un hopital avec Sergiei et lui, assis a cote d une maman et de sa fille. L attente etait tres longue.
Ma tendre epouse avait pris soin de preparer des boissons et de la nourriture. Il me restait des mandarines.
Nous aimons beaucoup les mandarines.
Elle aime beaucoup les animaux, et lorsque je conduis, elle se plait beaucoup a me donner la becquee, morceau par morceau ... de mandarine, comme a un oiseau. Vous voyez ou je veux en venir? Mon epouse aime les animaux, donc, c est logique, cartesien, categorique - elle m aime! Blague a part, elle m aime vraiment :) Ah les mandarines!
Je suis malgre tout aussi un etre humain, et pas le chien de mon epouse, que j adore mais que j envie parfois! Oui, un peu moins avare, je decidai donc de leur proposer quelques mandarines.
Leur reaction m etonna. Tres poliement, elles refuserent ce que leurs papilles desiraient ardemment! Andrej est un etre hors du commun! Meme chez lui - en Russie! Il est grand et il faut l avouer ventripotent; ce qui n est pas etonnant en soi. Non! Ce qui est d un charme incomparable chez lui, c est qu il begaie et associe a cela - et cette combinaison est vraiment tres rare - il est tres ouvert, cordial, bonhomme, entreprenant! Il evoque un peu - avec toute mon affection - le personnage d Obelix de la bande dessinee; cependant, avec beaucoup plus de subtilite et de ruse.
Regardant avec curiosite la facon dont je me debrouillais pour essayer d etre aimable et humain (pas comme le chien de mon epouse avec ses chats) dans le pays de mes freres - les ours - il esquissa un sourire, et brusquement, de sa position ramassee, accoude sur les genoux, il dressa son immense torse avec une telle energie qu il sembla envahir tout l espace! La tete droite et pointee telle la Tour Effel, les 2 mains tres assertives posees sur les hanches, il dit alors ou plutot, s evertua a dire: "Tu-tu-tu ne comprends les no-notres! Chez-chez nous, on ne fait pas comme cela! Voi-voila comment on fait!" Il plongea ses battoirs dans mon sac, saisit vigoureusement les menottes de l ainee de nos voisinnes et y placa les fruits en martelant avec un hochement de tete autoritaire toute la bonte de l intention, qu on ne doit pas refuser! Et se tourna alors vers moi et dit avec le meme mouvement: Voila!
Elles furent tout aussi stupefaites que moi, et force est de reconnaitre qu il connait admirablement son peuple! Sans le moindre sourire, elles dirent un petit merci, et degusterent avec une joie toute presente et silencieuse les rondelles juteuses, sucrees et si raffraichissantes!
Oui, pour moi, la Russie, c est aussi cette poesie, tantot pastel, tantot vive, vindicative, courageuse comme les perce-neige, percant sous un tapis de neige, un soleil de printemps - coucou a travers les nuages ...(soupir)
Oui, je me souvins d Andrei, et n allant pas si loin, car ici, c est la Belgique, - climat de temperance, de mesure, autrefois, resplendissante d unite - ensemble.
Je laissai donc le thermos a cote de lui, lui glissa doucement: "cela vous fera du bien", en insistant sur le mot "bien", et je remontai dans ma "luxueuse" taniere a toit ferme, aeree par ce petit souffle d esperance: qu il passe la nuit jusqu au lendemain.
Le jugerais-je pour ce qu il est devenu, parce qu il ment?
Bien sur, il y a differents mensonges ... pour la cocaine … mais il doit aussi se nourrir, s hydrater, se vetir, se laver, se loger ... Et combien d entre-nous n ont-il pas menti pour de l inutile et du nuisible? Pour l alcool, pour la paresse, pour un amant, une maitresse?
Pour l utile et le necessaire - Trouver un travail.
De surcroit, combien ne mentent pas pour tromper l autre de maniere bien plus hideuse que de se detruire, que de mentir pour se droguer!
Et dans le fond, ne ment-il pas aussi et surtout pour oublier la misere, la violence, les humiliations, les drames, les souvenirs infectes qui tournent sans cesse comme des rats dans l esprit en cage, et qui , patiemment, mecaniques, incisifs, rongent et rongent, devorent tout: la dignite comme l espoir!
Que faire pour enrayer cette mecanique cynique qui semble fatale?
Certains "apotres poltiques ou fanatiques du tout a la science" affirment - categoriques - que la solution est biochimique et surtout sociale ...
Honnetement, et je l avoue, avec un peu d ironie, depuis le temps que je croupis ici, je n ai jamais lu ou bien appris que Bayer et le maire Demeyer, envoient gratuitement par b-post ou mieux - DHL en periodeS de greve - a chacun des sans-abris, au creux de la nuit, des colis d amour, petites pullules roses.
Par ailleurs, que faisaient nos ancetres quand il n y a pas de securite sociale?
Tendre la main, c est bien ... Mais lorsque l amour humain est absent, que la main tendue s en va, il est seul et que lui reste-t-il?
"Le souvenir d une main? Quelle main?
La main qui lache, la main qui frappe!
La main qui releve, bon samaritain?
Le chagrin dans le noir les happent!
Mais qui donc le veille jusqu au matin?
Quand l homme n est plus la ...
Sans abris, demunis, a la merci
Des loups qui rodent dans la nuit,
Mais qui donc prend soin de lui?
Dans ce silence, tu auras beau dire: ces mains ou leur souvenir ...
Mais dans le fond, l ami, tu le sais bien, sans pouvoir le dire ...
C est Lui!
Oui, tu le sais, n est-ce pas?"
Le mepriserais-je pour sa condition? Suis-je a sa place? Connais-je sa situation? Et moi-meme? Pourrais-je supporter ce qu il supporte si longtemps?
La verite est aussi la: je suis moi-meme dependant. Certains diront: ce n est que des cigarettes! C est legal! Non, la verite, c est que c est aussi une dependance, une maladie qui peut s attrapper de bien des manieres differentes suite a des evenements courts ou longs avec autant de nuances qu il y a d histoires differentes ... Dieu seul connait ces meandres ...
Gloire a Dieu, la vie, l intelligence et l amour qu Il a place dans le coeur et l esprit de l homme, m a permis de perdre un peu de mon aveuglement, de ma stupidite insensee, parfois montrant les crocs; oui, aussi comme un chien.
Sans fards, a bien des egards, je ne suis pas si different de lui!
Aurais-je du donner de l argent? La question est souvent posee dans notre foi et les reponses varient ... Et la recurrence de la question, qui apparait dans le coeur de personnes sinceres, honnetes, voulant vraiment accomplir la Volonte de notre Seigneur, montre que donner sans reflechir est peu naturel dans de telles situations, quelque chose gene.
L epoque veut cela, la foi est en reconstruction, il faut beaucoup chercher, beaucoup frapper, beaucoup se renseigner, prier, lire pour trouver des reponses, se decider, agir …
Je ne dis pas que j ai la verite, mais apres de nombreuses prieres, discussions et lectures, mon coeur et mon intelligence se sont mises d accord sur ceci ... Et c est ecrit dans l AT et dans le NT.
Dans les Actes, il est question de discernement pour aider son prochain.
Dans l AT, dans les Proverbes, pour la plupart ecrit par le roi Salomon, inspires lui-meme par le Verbe - Jesus Christ notre Sauveur - il est question de recherche de la Sagesse, du discernement.
Par ailleurs, dans les epitres, le principe d utilite est rappele.
Dans les Evangiles et dans les Proverbes, le Sauveur nous exorte a nettoyer notre oeil mais aussi a gagner en sagesse et en discernement. Tu aimeras de tout ton coeur, de tout ton esprit, de tout ton etre (varue selon les traductions); donc, il faut aimer avec tout cela et sans omettre quoique ce soit, il faut aimer en plenitude et en Dieu. Pour aimer selon Dieu et en Dieu, il faut donc pouvoir discerner.
Par ailleurs, comme Dieu est notre exemple supreme et innaccessible, il nous faut essayer de faire comme le Sauveur, respecter la liberte.
Mais aussi ne pas endosser le role de l ennemi, qui se nomme aussi tentateur, ne pas tenter.
Dans une demarche orthodoxe, non musulmane: basee surtout sur une loi, et non catholique: heretique au sens premier qui place aussi la logique humaine au-dessus de la Revelation, de peur de blesser notre Pere d amour, j essaie donc de me soumettre a Sa Revelation eclairee par les Saint-Peres, et de recevoir comme un don, une grace Sa sagesse; et au fur et a mesure, certains elements convergent, le coeur et l esprit s accordent, trouvent l unisson, une harmonie, une plenitude emplie de paix, car plus pres de Lui.
Concretement, si je donne de l argent a un narcomane, que fais-je?
Il a des besoins, mais il cherche aussi et surtout de quoi etancher la soif qui le tue.
Que fais-je alors? Est-ce que je ne le place pas devant le choix: nourriture ou logement ou drogue? En lui laissant ce choix, est-ce que je ne le tente pas?
Je sais qu il est depourvu de ferme liberte de choix, vais-je lui imposer un choix qui peut, en fin de compte, apparaitre illusoire vu son etat? Un piege?
Je sais que les stupefiants tuent assez vite et dans de longues souffrances; est-ce que de cette maniere, je ne l aiderais pas a se suicider? Donc, a commettre un crime?
Question simplifiee: si j ai une arme, et si un inconnu me demande mon arme, est-ce que je vais lui donner sachant que c est un inconnu et qu il pourrait faire n importe quoi avec?
A mes yeux, cette question a le merite de mettre les choses en perspective, et le bon sens, selon moi, apparait plus clairement.
Mais que puis-je faire alors en tant que chretien orthodoxe pour accomplir les oeuvres sociales dont parlent les apotres, detenteurs elus de la grace de l Esprit - Sagesse?
Ma nature etant ce qu elle est - propre a ma famille - a la frontiere de la sensibilite maladive, qui peut tourner - chez moi - tres vite a la visquosite gelatineuse imbibee de rose - a l idiotie beate - au risque d innondation de larmes muettes: tantot abattu, tantot de glace, tantot de feu, comment faire face?
Je ne suis pas aussi fort et solide que mes freres de l Est: "Pour vivre, il faut pouvoir enjamber les cadavres".
Mon coeur est delicat, et rien qu a voir cette misere, sans etre un fakir, j ai l impression parfois de marcher pieds nus dans un champ de verre brise - le verre de ces vies eparpillees, a l agonie ... dont souvent, seul Dieu semble entendre les cris.
Enfin ... Avec le temps et la main du Seigneur, un enfant peut apprendre a marcher, et sous les coups de batons de la vie, meme un ane finit par avancer!
L inviter chez moi, lui offrir le gite? Comme au temps de nos ancetres de l Ancien testament? Un temps ou l accueil etait ancre dans la coutume, dans les coeurs et la justice, profondement, dans chaque cellule humaine ou familiale, comme un abris antinucleaire!
Chercher ... Je cherche encore la Verite, la sagesse, le discernement ... Suis-je dans la meme situation? Est-ce que ma societe est la meme? Est-ce que les moeurs sont les memes? Est-ce que ce ne serait pas dangereux pour ma personne et pour les miens? Ne prends-je pas le risque de me faire agresser? De mettre en danger les miens? Est-ce qu il ne faut pas aussi prendre soin du temple de son corps? Serais-je en etat de me defendre? Est-ce que je pourrai conserver ma paix interieure pour continuer a faire ce que je dois faire? Ai-je le temps? Est-ce qu il ne faut pas essayer de demeurer en vie ou en etat de vivre pour pouvoir accomplir la Volonte de Dieu? Est-ce que ce risque serait vraiment utile? Notre Sauveur a-t-il envoye ses apotres pour frapper aux portes sans discernement? N etaient-ils pas guides et proteges par Son Esprit? Le Suis-je? Ai-je cet Esprit? Ai-je un jardin avec un abris ou il pourrait dormir? Ai-je une cle pour fermer ma chambre? Ne pourrait-il pas causer du tort aux voisins?
L AT et le NT ne nous disent-ils pas d eviter le mal potentiel? Un berger menerait-il a la bergerie une brebis qui pourrait tres vite se changer en loup?
Je me trompe peut-etre ... Sincerement ... Mais mon coeur et mon intelligence me parlent autrement.
De plus, je connais mes limites, et je les ai deja enfreintes depuis longtemps ...
Saint Ephrem ne disait-il pas: "Heureux est-celui qui connait ses faiblesses?"
Physiques ou spirituelles, aurais-je encore cette folie - les ignorer?
Cette fois-ci, en allant chez le Pakistanais, je l apercu. Il dormait ... Et a nouveau mon coeur commenca a se serrer et suinter l humidite d une triste compassion ... Je devais faire quelque chose! J achetai alors un sandwich et un cafe froid ... Je fis tres attention sur le retour, car comme d habitude a cette heure, les rues se peuplent d individus patibulaires qui respirent l instabilite, la poudre d une bombe prete a exploser et a vous sauter au visage comme un chien enrage. Les psaumes ... Eviter le mal, toujours l eviter ... Je les vois de loin, c est triste ... Je prie, considere ma voie, me remplis de froideur, de lucidite, impassible, sans aucune odeur de peur, feromone pour les chacals depraves - autre race de chien egaree.
Enfin, je me rapprochais du domicile ... Je pensais deposer les maigres victuailles a cote de son sac, mais au moment de mon passage, tiens!? Il se reveilla. Je l interpellai: Monsieur Xavier, voulez-vous ces sandwichs et ce cafe? Sur le moment, je ne compris pas pourquoi je dis "Monsieur Xavier" ...
Il me regarda un peu hebete par le sommeil: Ah, euh, oui, c est gentil. Ah, tenez! Voici votre thermos. J ai bu et c etait bien bon. Cela m a rechauffe, merci!
Sans vouloir dire que c est grace a moi, ma priere de l autre soir, mon espoir avait ete exhauce. Il s etait desaltere avec ce qui est bon pour lui! Ainsi, il posa un pas de plus sur le chemin, avec espoir, dans la vie. Peut-etre un instant gagne, qui additionne a d autres moments, d autres rencontres, pourra contribuer a le sortir de l enfer ...
"Oui ... Le temps necessaire a ce que peut-etre une menotte benie, puisse aussi croiser sa route, se tendre vers lui - le coeur en deroute - lui offrir un peu de bien, meme de rien - que nous tenons tous du Divin - par grace, non par hasard, mais voulant et cherchant aussi, sous Son regard invisible, un chemin, un espoir, qui ensemble nous tient"
Ou qui sait? Peut-etre que la confiance et l amitie naitront?
Et puis, honnetement, s il savait ... Avec ses quelques mots, c est mon ame qu il a rechauffe! Oui, ces quelques mots sinceres, spontannes m ont fait beaucoup plus de bien que je n ai pu lui en offrir!
Je lui proposai de revenir demain. Il accepta.
Il me remercia et je le remerciai aussi. Lui dit: a demain, courage!
"Monsieur Xavier" ... Pourquoi? Mon coeur me dit qu une personne dans cet etat a besoin de dignite, et aussi spontanement, sans reflechir, mon coeur essaya de lui en rendre un peu ...
Mais surtout merci a lui, car aussi fragile puisse-t-il sembler, il essaie de se soigner malgre tout, cherche les abris, les associations, les medecins ... Il essaie de survivre. Il est un exemple de tenacite, qui inspire le respect, surtout a moi, qui doit aussi dans la douleur, la solitude, l opprobe, trouver l energie, la concentration, la resolution pour prendre des decisions et d essayer de faire ce qu il convient.
Merci a lui, car j ai eu le sentiment d etre utile, j ai aussi recupere un peu de dignite.
Merci a lui, car grace a lui, je me suis senti moins seul.
Merci a lui qui m a aide a esperer plus loin.
Merci a lui car je me suis senti en vie.
Merci a Dieu pour Sa Parole qui nous rend vivant!
Suis-je un hero parce que je tends la main? Non!
Un employe, un soldat, un ouvrier est-il un hero car il execute les ordres de son chef?
Qui plus est, quand Il sait que son maitre est le meilleur qui soit?
Non, il est honore et remerciant d avoir eu l opportunite de le servir!
Est-ce lui le faible? Oui, il l est, mais je le suis sans doute bien plus que lui; comme beaucoup d autres qui le nient. A chacun sa cecite ...
Mes heros sont les Saints et les non-Saints saints: ces personnes qui: contre tout, malgre tout, sous pression ou a l abandon, comme ils peuvent dans l epreuve, avec tenacite, essaient de s ameliorer, d etre meilleur pour mieux aimer, pour leurs prochains, pour Dieu - Ses valeurs.
Que d hommes et de femmes qui - chaque jour - peinent, piochent en silence, dans l obscurite, encore et encore - pas comme moi - mais eux - sans broncher! Pour, sur terre, se frayer une chemin, enfin respirer, trouver la lumiere.
Le temps a passe, mes doigts ont couru sur le clavier. Ce besoin inexplicable d ecrire m a permis de me distraire de l insomnie, de la douleur ... vider les emotions qui innondent le coeur, le noient en profondeur ... placer ce moment dans un petit ecrin de fortune - chatoyante - que je pourrai a nouveau ouvrir ... quand une pluie, nuit de desepoir, comme sur lui, sur moi ou autrui - tombera ... Petit reflet de lumiere ...
Merci a Dieu, a ses serviteurs celestes et terrestres, a Xavier et aux autres, a mes amis de Russie, connaissances de Belgique, aux amies de mon epouse, a l inconnu au regard bleu, angelique qui me serra la main lorsque j etais dans le chagrin ...
Denis, Oleg, Sasha, Arkadia, Nina, Stephan et les autres medecins, au peres Basile, Nil, Stefan, Constantin, Ephtymios, Onuphre, Amphiloque, Fedia (le chien du village qui rejouit les enfants), Rufina, Elena, Tchestor (le caniche prodigieux, presqu humain mais sans paroles, qui regente les chats et reconforte mon epouse), a mon petit ecureuil qui ecarte les branches pour que je puisse dans l obscurite voir les etoiles ...