Douce joie...

Славянин Санпэи
Kiro regardait par la fenetre. Les arbres defilaient lentement, sereinement avec la certitude de les revoir au retour. Il avait cesse de sangloter. Assis confortablement sur les genoux de mon epouse qui le serrait tout contre sa poitrine, il me jeta un petit regard avec une etincelle au bout. De sa gueule a peine entrouverte depassait une languette rosee - il souriait.

Tel un voile discret et invisible, le soir tombait sur le paysage.
La nature commencait a bailler les soupirs et les efforts que la belle journee de soleil avait laisses; comme un corps apres le labeur, raffraichie, apaisee, elle s assoupissait.
 
L air filtrait a travers la grille d aeration...
L evaporation forestiere, les odeurs de pin et de feuilles roussies par la saison et la chaleur, la fraicheur du soir, toutes ces notes subtiles se melerent pour offrir comme un gout de canelle qui rappelle l automne et les fetes d hiver d antan.
Je regardais le chemin avec attention, cependant, je ne pus resister au charme du moment, et le souffle leger m emmena au loin... Au-dela des frontieres, au-dela des saisons, de l adolescence, oui, plus loin encore, aux confins de la memoire, a vrai dire - tres tot.

Je ne voyais pas bien. Tout semblait si haut et si trouble. Les objets et l espace etaient comme deformes par un film translucide.
La vue perturbee, l ouie et l odorat se tendaient telles de freles antennes nouvelles vers le monde autour.
Le craquement des feuilles sous les roues, sous les pas, le pied d un tronc qui s envolait plus haut, la douce chaleur du sol fatigue, une nature en paix avec la pierre et pas seulement... Perdu quelque part dans la rude plaine de la vie, un petit moment de bonheur que je sentais se mouvoir - les jambes de ma mere et de mon pere a mes cotes. Une oasis dans notre existence...

Le temps a passe, je me bats toujours contre la maladie, mais hier, lors de cette ballade vesperale, l atmosphere me ramena un peu de cette fragrance oubliee, et j eprouvai bien plus encore - la perfection de cette braise, de cet espoir qui luit dans le coeur de chacun.
Je le ressentis ici, sur cette terre ou les clochers dores s elancent en priere inlassable vers le ciel eternel, qui, plus souvent qu ailleurs, repond en silence par la gratuite benediction, spirituelle, d un authentique geste d Amour.

Ah si dans le beau jardin d Europe, les hommes et les femmes avaient fait pousser ces bulbes dores plutot que des tours financieres, ephemeres, peut-etre que la fugacite de ce moment aurait pu continuer a briller et chasser les tenebres qui conquirent son coeur, comme tant d autres coeurs encore ... 

Aujourd'hui, la maladie pese a nouveau; cependant, au-dela des frontieres, des saisons et des tourments, un souffle leger me fit enfin connaitre cette chose indescritpible que la plupart de nous recherche... En compagnie de mon epouse, du petit Kiro, couvert du doux omophore de la tendre Mere, sous le regard bienveillant de Dieu - le bonheur d etre en famille. 

Que Dieu benisse la Russie, et d ici ou d ailleurs, tout ceux qui Le cherchent, et tout ceux qui n en peuvent plus d esperer.   


Станислав, Жозефа, дедушка, maman, нет, не зря вы молитесь за нас, за меня.

Солдаты, герои, не зря вы боритесь! 

Merci, благодарю... Вечная память!