Juste une petite bataille

Славянин Санпэи
A contre-coeur, mais le coeur valeureux
D enfin m en aller, resoudre les problemes
Qui dans mon passe en peine, avaient ete plantes
Tel un couteau qui sans cesse draine, toute tranquilite
Tel un sang d encre qui ancre l esprit dans un fond sombre et bleme
Pourtant, oui, je fus heureux de rencontrer notre seul ami
Qui elle aussi se bat pour plus d amour dans l existence
Je me rejouis de preter la main a une petite besogne, peu importante,
Mais qui mine de rien, cogne de bonne humeur sur ma vie monotone

Fort de deux semaines de paix, de bonheur marital retrouve,
L ame gonflee de prieres, de felicite, pret a partir pour une nouvelle epreuve dans une contree ou certains me meprisent toujours, et pire encore, a quoi bon de le dire, la paix ne nait pas ou le souvenir mord, et qui suis-je moi? Pour reveiller les morts. Que l ennemi le fasse, c est certes son emploi, mais ne devrais-je plutot, moi, y mettre le la? Oui, fort de cela, pourtant, ma monture de sentiers de broussaille, d existence, de ravines escarpees, ma fragile sante me ravit a nouveau a mes voeux, maintes fois - abandonnes.
Manque d air, tete qui tourne, la conscience se noie! La maladie me joue ses tours sournois! Tapie dans le corps tel un vautour, l acouphene se jette sur le tympan, crie, frappe fort, comme le tambour. L atmosphere m opresse, faute de justesse, un nerf presse, la jambe doite defaille.  La maladie trompette et s enfuit la belle harmonie...
Meme la lumiere si fluette me pique les yeux. Il faut bien que je me couche pour trouver un esquif vers une eau plus tranquille, un ilot, a l abris des crocs de la maladie.
La melodie de l espoir, de reconquete de mon semblant de vie, s enfuit dans l air trouble et le desespoir epaissit l atmossphere - l ame suffoque.
L ennemi lance alors ses chiens, ses hyenes en cohortes pour mettre fin a mes voeux de purete. Oui, c est sur les ames et les corps blesses, qu il s acharne le plus, fait montre d une haine feroce face a nos velleite de juste vertu.
Alors, accule, etendu, a sa merci, j ose, toque a nouveau a la seule porte qui puisse encore me sauver, a celle du Sauveur qui trone toujours au-dela de l obscurite. La Sagesse m ouvre Sa porte: "Mesure chaque pas avant de te lancer", oui, dans un combat ou ne pourrait que tomber, et meme pire succomber.

Decision prise, le temps se raccourcit, il faut ramener le souffrant a bon port pour qu il reprenne les couleurs de la vie.
Les evenements s enchainent, un train va partir, en retard, soudain, une rue se libere, est-ce un hasard?
Le wagon est calme, les passagers sont gentils. En chemin, personne ne me cause d ennuis. Au fur et a mesure que la locomotive enfile les kilometres, la foret sous la neige apparait a nouveau, et ses branches fortes et dociles qui portent le fardeau de l hiver. Extenue, pret a sortir au mauvais arret, deux bonnes personnes me sourient me proposent de me heler quand viendra l endroit.
Je descends, respire le bon air de la lointaine campagne et au-dela du portail, m attend ma douce epouse, ma tendre compagne, mon mat de cocagne.

Dans sa chiche machine, un taximan bonhomme et discret nous emmenne vers notre petite ville, petit rocher de quietude, de tranquilite - notre jolie R-al, au bord de la foret, non-loin d une eglise, petit havre de paix qui diffuse toujours un peu de vertu, malgre tout, qui n est pas rien.

Derriere la porte, Kiro gemit, et puis la porte enfin ouverte, se jette sur moi, comme si une eternite s etait ecoulee, rempli de joie! Je m abaisse, le prend dans les bras et mon epouse, a nouveau ensemble! O Dieu! Qu il est doux le parfum du foyer!

Soeur, frere, tu pourras croire qu il s agit de bien peu de choses pour fleurir tant de riens de tant de roses. Cependant, sans vouloir t enseigner, sache qu il est cher au bon Dieu notre petit voeu de vertu, notre chiche foyer.
Et les petites batailles, meme cherement gagnees, nous preservent de beaucoup de mal qui pourrait nous ecraser.
Aussi, meme s il te semble que mes mots s ampoulent un peu d emphase, moi, pour part, j ai choisi de couronner notre petite victoire par des mots jolis; un peu de style ne ternit pas la prose, et au lieu de me chatier l ame de regret faute de grande victoire, aujourd hui, j ai prefere dans notre jardin y plante des roses, des guirlandes de petits riens qui embelissent les choses.

Bonne journee a toi, et que Dieu veille sur chacun des tes pas.