Nina Ceranu - Ðóìûíèÿ

Ñâåòëàíà Ïðèãîöêàÿ
 
Íèíà ×åðàíó

Èçâåñòíûé öâåòîê ëèðè÷åñêîé ïîýçèè , ïèñàòåëüíèöà íàïèñàëà 10 ðîìàíîâ,
äâà òîìà ðàññêàçîâ, äâå êíèãè ïóòåâûõ çàìåòîê, òðè ñáîðíèêà ñòèõîâ.
Îíà ãëàâíûé ðåäàêòîð æóðíàëà "Ëàòèíñêèé Âîñòîê",ïðåïîäàâàòåëü óíèâåðñèòåòà.
 
Nina Ceranu
 
Laboheme
          version fransaise  Manolita Dragomir-Filimonescu

C'est comme ca qu'on l'avait baptisee
Elle paraissait une aile legere
qui etait restee a un oiseau blesse.
Elle m'a jete des regards rapides
puis elle a depose l’accordeon
qu'elle portait au dos,
tout pres d'elle, toutes les partitions de l'ancien monde,
elle les a otees de son sac en courtil,
l'air le plus humble
de quelqu'un qui ”tend la main”,
elle s'est assise sur la borne kilometrique entre passe et avenir.
Elle s'est accroche l'accordeon sur l'epaule gauche
la main droite a leve le pan de sa robe de bal.
Et elle s'est mise en marche
Le monde dansait devant elle,
De la-haut les  tramways vrombissaient
grin;ant de toutes leurs entrailles
et ils couvraient les sons soprani de Laboheme
parfois diaphanes
d'autres fois perdus
mais la musique les enveloppait
des touches adroites.
C'etaient comme faites pour moi
pour m'adoucir
pour me faire oublier
que les pas de danse de mes citadins
sont portes par les souliers qu'ils chaussent,
et provenant des boutiques second hand de l'Ouest.
De la-haut les tramways vrombissaient
et grincant de leurs entrailles
avaient estompe les derniers
sons soprani de Laboheme
et le monde illumine,
amasse comme un essaim
ramassait
ramassait
des sons et des touches...
Le sac de courtil,
a part,
elle entassait les partitions
entre ses murs captifs,
pour une Boheme a venir.

LA SORCIERE

a Tatiana

version fransaise Manolita Dragomir-Filimonescu

Comme ils viennent et s’en vont les oiseaux migrateurs
comme ils se penchent et se regardent dans l’eau de la mer
comme les pas des passants laissent des traces sur les plages
desertes,
et les ramassent
et les offrent aux brises des aubes,
comme ils ouvrent avec eux les livres de chaque jour
et ils attendent les cigales,
ils dictent des vers aux poetes-esclaves
et ils caressent les cuisses des navires eloignes,
aux marges des mondes,
ils allument la lumiere du phare vers lequel on marche toujours
et lui il s’enfuit de nous…
c’est comme ca que Tatiana etait venue de Taskent,
poursuivre la soif d’un reve
comme un esprit des eaux,
comme une sorciere,
un etre bizarre,
comme une lumiere dans une coupe d’argent,
payer le prix,
non paye
par personne d’autre de sa famille,
pour nettoyer les souliers du froid,
pour planter dans la terre aride
le grain de l’amour,
porter les parfums eloignes de la steppe,
arreter au dernier rivage
le bateau creuse dans la tempe de pierre.
trouver ici foyer,
le dernier peut etre, et si cela s’appelait mort
Tatiana y entrerait
comme dans le ventre d’une immense baleine,
sans fenetres,
sans portes,
sans sorties a la mer,
sans Taskent,
seulement avec du froid,
car on ne peut pas se sauver du gel,
comme on ne peut pas se d;tacher des reves.
Au bord de l’eau
Tatiana presque valsait,
les routes lui avaient enleve l’oui ;
elle cherchait
les lettres cachees
des naufrages,
naufragee elle-meme
de la halte confiante,
et migrant vers la,
vers l’eau changeante
aujourd’hui avec une couleur,
demain avec une autre,
vetue de coquillages et de pierre.
Peut-etre que Tatiana s’est guidee
d’apres les points cardinaux,
ou un amoureux oublie,
et amoureuse elle aussi du soleil,
elle est restee l’attendre a l’est,
l’accompagner a l’ouest
comme une profonde nostalgie
errant sur des routes inconnues.
Elle portait avec elle -
qu’on puisse la voir de tres loin –
les coquelicots de l’ete
et sur les plantes des pieds,
encore,
les traces de l’eloignement,
sous sa peau froide – le sang,
et aux yeux
une lumiere endormie
qui porterait au paradis
son repos et celui des eaux,
sa melancolie errante
des sommets de l’ Olympus.

CHEMIN

version fransaise Manolita Dragomir-Filimonescu

Le train, le train passe devant moi,
par ma vie,
le dernier wagon ne s’est pas encore arrete. M’emmener
Comme Ulysse qui ait de beaux reves
j’ai encore un chemin a faire…
bientot j’arriverai au bout,
tout seul.
Gout d’eau dans la trace du cerf,
je me delecte avec la rosee de la lune pleine,
je regarde l’oiseau aux ailes de feu,
l’aiguille de l’horloge
qui signifie l’eternite.
Mais je ne veux plus sortit du lit de l’eau,
que le gravier me griffe les talons,
ni entendre le repos de la pendule
arrivant a zero la nuit
le jour.
Pas d’effroi dans ce silence-la
negocie par moi
aux etoiles qui changent de role,
l’etoile bergere
gardien aux portes du paradis,
la jeunesse qui l’attend,
la vieillesse que je pousse
a la faire tomber des rochers que je monte…
Il bat son plein,
il est dans le vent
le monde des voyages bon marche,
le monde qui s’enfuit de soi-meme,
s’enfuit des etats bien connus,
des eblouissements,
des humiliations
et les retrouve
loin de chez soi
et les avale peniblement
devant une autre table.
La je n’y mettrai pas de semence,
je ne vais plus copier ce que je ne connais,
je me laisserai aller en douceur,
je vais accepter,
sans le vouloir,
la pensee de la mort,
sa derniere humiliation.
le dernier amour me fera signe
de ce poeme commence
sur lequel les paupi;res du temps
se laisseront lourdes de sommeil.
Je ne serai pas prepare,
je ne saurai que faire du dernier vers
le batir dans une statue ?
ou le cacher dans mon coeur,
dans ma chair,
dans mon ame…
Le train, il est pass; devant moi,
par ma vie,
le dernier wagon s’est arrete…m’emmener ?
Vers ou ?
N’importe ou !
NINA CERANU

„Laboema,
asa am botezat-o intr-o doara.
Parea o aripa usoara,
ce-i ramasese unei pasari ranite.
Mi-a aruncat cateva priviri pripite,
apoi si-a pus jos armonica
ce-o cara in spate;
langa ea, toate partiturile lumii vechi,
le-a scos din rucsacul de dril,
si cu aerul cel mai umil,
cu care cineva „intinde mana”,
s-a asezat pe piatra kilometrica dintre trecut si viitor.
Pe umarul stang si-a aninat acordeonul,
cu dreapta si-a ridicat poala rochiei de bal.
Si-a pornit…
In fata-i lumea dansa.
Din aval, vuiau tramvaiele
scartaind din toate maruntaiele
si-i acopereau Laboemei sunetele soprane,
uneori diafane,
alteori pierite,
dar muzica clapelor iscusite
le-nvaluia.
Erau pentru mine
parca ticluite anume
ca sa ma imbune,
sa ma faca sa uit
ca pasii de dans ai orasenilor mei
sunt purtati de pantofii ce-i poarta,
din second hand-urile Vestului.
Din aval, vuiau tramvaiele
si scartaind din toate maruntaiele
i-au acoperit Laboemei
si ultimele sunete soprane…
iar lumea-luminata,
astransa ca un roi
aduna,
aduna
sunete si clape…
Rucsacul de dril,
de basca,
inghesuia partiturile
intre peretii lui captivi,
pentru o Boema viitoare.

Stima,

Tatianei

Cum vin si pleaca pasarile calatoare
cum se apleaca si se stravad in apa marii
cum pasii drume;ilor lasa urme pe plajele pustii,
si-i aduna,
si-i inchina in brizele diminetilor,
cum deschide cu ei cartea fiecarei zile
si asteapta greierii,
dicteaza versurile poetilor-robi,
mangaie coapsele navelor indepartate,
la margini de lumi,
aprind lumina farului spre care mereu mergem
si el mereu fuge de noi…
asa venise Tatiana, din Taskent,
dupa setea unui vis
ca o rusalca,
ca o stima,
o stranie faptura,
cu lumina intr-o cupa de argint,
sa plateasca pretul,
neplatit
de nimeni altcineva din neam,
sa-si curete talpile de frig,
sa planteze in pamantul arid
samanta iubirii,
sa aduca indepartale arome de stepe,
sa traa la malul din urma
corabia sapata in tampla de piatra.
Aici,
sa afle vatra,
ultima poate,
iar de s-o numi moarte
Tatiana va intra-n ea,
ca-n burta unele balene uriase,
fara geamuri,
fara usi,
fara iesire la mare,
fara Taskent,
doar cu frig,
caci de ger nu poti scapa,
cum nu poti sa te desprinzi de vise.
Pe mal,
Tatiana aproape valsa,
drumurile parca-i luasera auzul:
cauta
ascunse scrisorile
naufragiatilor,
ratacita si ea
de popasul increzator,
migrand incoace,
la apa schimbatoare
azi cu o culoare,
maine cu alta,
imbracata in scoici si in piatra.
Poate a venit, ea, Tatiana,
dupa punctele cardinale,
ori dupa vreun uitat iubit,
si-ndragostita de soare,
a ramas sa-l astepte in rasarit,
sa-l petreaca in apus
ca pe un dor adanc,
ratacind pe cai nestiute.
Avea cu sine –
de departe sa se vada
macii rosii ai verii,
dar pe talpi,
inca,
urmele departarii.
Sub pielea ei rece – sangele,
si-n ochi,
o adormita lumina
sa duca in rai
odihna ei si-a apelor,
dorul ei ratacitor
de inaltimile Olimpului.

DRUM

Trenul, trece trenul prin fata mea,
prin viata mea,
vagonul din spate inca nu s-a oprit… sa ma ia.

Ca un Ulise care viseaza frumos,
mai am un drum de facut…
in curand voi ajunge la capat,
singur.

Gust apa din copita de cerb,
ma desfat cu roua din luna plina,
privesc pasarea cu aripi de foc,
limba ceasornicului
cum inseamna eternitatea…

Dar nu mai vreau sa ies din matca apei,
prundisul sa-mi zgarie talpile,
nici s-aud odihna ornicului
cand a ajuns la cifra zero din noapte,
din zi.

Nu e spaima in linistea aceasta
negociata de mine
cu stelele care schimba tura,
cu luceafarul,
paznic la portile raiului,
cu tineretea ce-i atin calea,
cu batranetea careia-i dau branci
sa pice de pe stancile pe care ma urca…

E in toi,
si-n trend,
lumea calatoriilor ieftine,
a lumii care fuge de ea insasi,
fuge de stiute trairi,
de uimiri,
de umiliri
si le regaseste,
departe de casa,
si le inghite cu noduri,
la o alta masa.

Acolo eu nu voi pune samanta,
nu voi copia nimic din ce stiu,
ma voi lasa in voia sortii,
voi accepta,
fara sa vreau,
si gandul mortii,
al ultimei sale umiliri.

Ultima iubire imi va face cu m;na
din acest poem inceput
peste care pleoapele timpului
se vor lasa grele de somn.

Nu voi fi pregatit,
nu voi sti ce sa fac cu ultimul vers:
sa-l zidesc in statuie?
ori sa-l ascund in inima mea,
in carnea mea,
in sufletul meu…

Trenul, a trecut trenul prin fata mea,
prin viata mea,
vagonul din spate s-a oprit… sa ma ia?
Incotro?
Oriunde!